Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 63.djvu/898

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Paris, et qui valait, disait-on, cent cinquante mille livres de rente.

Mais la duchesse de Nemours conserva la principauté de Neuchâtel, dont les Etats refusèrent d’exécuter le jugement du Parlement de Paris. Elle en était encore souveraine, quand elle mourut le 16 juin 1707.

Les prétendants à la petite couronne, souverains ou simples particuliers, grands seigneurs et grandes dames de la cour de Louis XIV, principicules d’Allemagne, ducs et pairs de France, disputèrent Neuchâtel au prince de Conti. Ils plaidèrent leur cause devant les Etats de la Principauté, jusqu’au jour où, à force de diplomatie et d’argent, le roi de Prusse évinça tout le monde, « tiers sans droits, » « mangea l’huitre et en donna les écailles aux plaideurs. »


LES DERNIÈRES ANNÉES

Pour Conti, « longtemps ardent sur cette affaire dont ses envieux assuraient que la richesse lui tenait bien plus au cœur que la couronne de Pologne, » il reprit, pendant l’automne 1707, sa vie de héros en disponibilité. Il pouvait habiter son appartement au rez-de-chaussée de l’aile du Nord à Versailles, ses hôtels de Paris et de Fontainebleau, sa jolie maison d’Issy, le magnifique château de l’Isle-Adam, et il était occupé de sa femme et de ses enfants, le comte de La Marche, Mlles de Conti et de La Roche-sur-Yon, bien qu’il n’aimât vraiment que l’aînée des deux filles. Ses passetemps avaient toujours été le jeu, la chasse, surtout une immense lecture, la rédaction de mémoires dans lesquels « il se délassait à mettre ses vues » sur la politique européenne, et cette conversation délicieuse, où il était « un Orphée qui savait amener autour de soi les arbres et les rochers par le charme de sa lyre, et triompher de la haine du Roi, si redouté jusqu’au milieu de sa cour, sans paraître y prendre la moindre peine. »

A la fin de l’année 1708, Louis XIV permit au ministre Chamillart d’avertir Conti que le commandement de l’armée de Flandre lui serait bientôt donné. Le prince « en tressaillit de joie. » Aimé, comme il était, du peuple et des troupes, choisi à cause de son mérite et malgré les répugnances royales, il allait partir aux acclamations du Royaume. Mais sa santé était usée. Il