- Comédie-Française : Cléopâtre, pièce en cinq actes, en vers, par M. F. Hérold ; — Odéon : Trois bons amis, comédie en trois actes par M. Brieux. — Théâtre du Vieux-Colombier : La Dauphine, pièce en trois actes, en vers, par M. François Porche.
L’aventure d’Antoine et Cléopâtre est assurément une des plus belles dont se soit emparé le théâtre. Du point de vue de l’histoire, ce sont deux civilisations qui se heurtent, deux mondes qui s’affrontent. Virgile, guidé par son instinct de poète national, l’avait bien vu et en quelques traits, dans son récit de la bataille d’Actium, il avait tout dit. Victoire sans lendemain, puisque c’en était fait des vieilles mœurs romaines qui, chaque jour, disparaissaient un peu plus devant les coutumes nouvelles importées d’Asie. Si l’on n’y veut voir que le drame humain, c’est l’éternelle lutte de Samson et Dalila, où Samson est l’éternel vaincu. Cléopâtre séduisante, artificieuse, perfide, offre à un analyste du cœur de la femme le plus merveilleux sujet d’étude. Aussi, après tant de fois qu’on l’a mis à la scène, ne cessera-t-on de l’y remettre. Et cela n’a pas grand sens de dire, comme l’ont fait plusieurs critiques, que le besoin d’une nouvelle Cléopâtre ne se faisait pas sentir. On a toujours besoin de revenir à ces types de l’histoire et de la légende, où la méditation des siècles et la divination de la poésie ont fait tenir tant d’humanité.
Il s’en faut d’ailleurs que la pièce de M. F. Hérold soit sans mérite. L’arrivée d’Antoine et de Cléopâtre au premier acte est un tableau d’un bel agencement. La discussion politique chez Octave est d’une trame serrée, d’une logique pressante : elle a porté sur le public. Et il y a, çà et là, des idées de poète. Celle-ci, par exemple. Dans l’armée démoralisée d’Antoine, ses derniers fidèles entendent soudain une étrange musique. Ils prêtent l’oreille. Un cortège invisible passe. C’est