En face d’une clientèle, nous ne disons pas élargie numériquement, mais tirée de couches plus profondes de la nation, et vivifiée par la sève primaire qu’on a fait monter plus haut qu’elle n’en avait l’habitude, la question se pose, pour les maîtres de nos lycées et collèges, de savoir quelle nourriture intellectuelle ils vont lui donner, et ce que doit être ou devenir l’enseignement secondaire. Disons tout de suite que l’enseignement secondaire doit res-ter l’enseignement secondaire. Et cette tautologie enferme une réponse très nette. Il ne s’agit pas d’abaisser l’enseignement, et de le plier à la commodité de nouvelles recrues, mais, au contraire, d’élever à son niveau une partie de la nation qui jusqu’ici n’avait pas assez profité de ses bienfaits. Il devrait même s’agir d’exhausser ce niveau. Pour toute sorte de raisons, il y a eu une baisse de l’enseignement en France, à tous ses degrés : la guerre et les suites de la guerre en sont cause. Il y a eu une dépréciation de l’effort intellectuel et des valeurs spirituelles. On s’en est plaint à la tribune de la Chambre, et on a dit que la France était en train de se « désinstruire. » Il faut d’abord reprendre de bonnes habitudes et remettre de l’ordre dans la maison.
- ↑ Voyez la Revue des 15 mai et 15 juin.