ajoutait enfin que, tout en prenant soin de ne commettre aucune indiscrétion, il avait pu s’assurer que les Bureaux du ministère impérial et royal des Affaires étrangères étaient très éloignés d’admettre le principe d’une garantie quelconque à nous accorder en retour des faveurs financières sollicitées ; et il concluait : « J’estime qu’il serait aussi chimérique d’espérer de pareilles assurances que dangereux de les demander ou même de les accepter, si, contre toute prévision, elles nous étaient spontanément offertes. »
Le 2 janvier 1912, le Gouvernement russe ayant été renseigné par M. de Giers sur la demande d’emprunt qu’avait présentée l’Autriche, M. Iswolsky venait voir M. de Selves, et le ministre s’empressait de télégraphiera M. Georges Louis, notre ambassadeur à Saint-Pétersbourg : « J’ai reçu hier la visite de l’ambassadeur de Russie. Il m’a notamment entretenu des bruits qui circulaient relativement à un em-prunt autrichien et il m’a fait part de l’impression fâcheuse que produirait en Russie le concours que donnerait à l’Autriche la France alliée. Je l’ai rassuré. »
Le même jour, M. de Selves écrivait à M. Klotz, ministre des Finances : « Ainsi que vous le savez, on parle depuis quelque temps de l’émission éventuelle d’un emprunt d’État autrichien ou hongrois en France. La réalisation d’une telle opération sur notre marché serait de nature à nous créer de très sérieuses difficultés du côté de la Russie. Je me propose de vous donner à ce sujet des explications verbales détaillées, mais il m’a paru utile de vous mettre d’ores et déjà en garde contre les sollicitations dont vous pourriez être l’objet de la part des établissements financiers susceptibles de s’intéresser à l’émission d’un emprunt de la monarchie austro-hongroise. » M. Klotz avait aussitôt pris note et découragé les banquiers qui s’étaient adressés à lui.
Le lendemain, 4 janvier 1912, M. de Saint-Aulaire, qui gérait encore l’ambassade de Vienne, écrivait à M. de Selves : « Ainsi que je vous en ai informé par mon télégramme du 29 décembre, le Ministère impérial et royal des Affaires étrangères m’a fait savoir que l’ambassadeur d’Autriche-Hongrie à Paris a été chargé de notifier au Gouvernement de la République l’accession définitive de son Gouvernement au traité franco-allemand. Cette décision, plus prompte que les déclarations antérieures du cabinet de Vienne ne l’annonçaient, a été toute spontanée. Je me suis soigneusement abstenu de toute démarche qui eût risqué de ramener la conversation sur les emprunts et d’encourager, de nouveau, des velléités de marchandage. Le meilleur moyen de hâter