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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 64.djvu/277

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LETTRES DE RABAT
(1907)

En septembre 1907, le Sultan du Maroc Moulay Abd-el-Aziz était à Rabat. Depuis le débarquement de l’Empereur Guillaume à Tanger en 1905, il avait flotté entre l’influence allemande et l’influence française. Mais il semblait entièrement revenu à la France et cherchait auprès d’elle un appui dans la situation si critique où il se trouvait. Son frère Moulay Hafid venait de se déclarer contre lui et avait été proclamé Sultan à Marrakech. La population de Fez, très attachée aux traditions et très frondeuse, mécontente des allures européennes et modernes adoptées par Abd-el-Aziz, témoignait d’un loyalisme des plus douteux. Le Sultan était réellement aux abois. Il hésitait entre les divers partis à prendre, soit regagner Fez et y chercher un solide point d’appui, soit marcher sur Marrakech contre Moulay Hafid. Mais quoi qu’il décidât, il lui manquait l’essentiel, de l’argent et une armée. Il avait pendant sa minorité laissé dilapider le trésor amassé par son père. Ses troupes, sans solde, sans organisation, étaient en décomposition.

Depuis quelques semaines le petit corps expéditionnaire du général Drude occupait Casablanca, mais, sans effectifs et sans moyens d’action, était hors d’état d’en sortir et ne s’y maintenait qu’à grand’peine en combattant chaque jour contre les populations soulevées de la Chaouïa, derrière les-quelles commençait à apparaître Moulay Hafid.

C’est alors que le Gouvernement français décida d’envoyer notre ministre à Tanger, M. Regnault, en ambassade à Rabat »