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chambre à coucher, cabinet de travail, etc., et l’entrée, formaient la totalité du local. Le tout était très propre, mais extrêmement simple et modeste et dans la décoration et dans l’ameublement. Je me rappelle que des causeuses et autres meubles de ce genre étaient rembourrés avec du foin au lieu de crin, et l’étoffe qui les couvrait était de la toile verte. Les murs du salon étaient ornés de quelques vues de temples et autres monuments de la haute Egypte. Il me semble avoir vu sur une console de la salle à manger un buste en marbre de la mère de l’Empereur. Aux deux extrémités des bâtiments et en dehors, il y avait deux escaliers pour descendre à la terrasse. Au bas de celui de droite, était une porte qui donnait entrée à une salle de bain, qui était fort jolie ; elle était ornée de vues égyptiennes peintes à fresque. On était comme dans un panorama ; autour de soi, c’était les Pyramides, le Sphinx, des obélisques, des temples, etc. Le peintre qui s’était chargé de la décoration de cette salle avait disposé toutes choses avec beaucoup de goût. Le spectateur était au milieu d’un pavillon carré à colonnes égyptiennes. Tous les modèles avaient été pris dans le grand ouvrage d’Egypte. La baignoire, qui était en marbre blanc, était évasée. — Les autres pièces du rez-de-chaussée étaient pour les cuisines et offices, etc.

Derrière la maison, l’Empereur, voulant avoir une cour un peu plus spacieuse que celle qui existait primitivement, avait fait entailler la montagne. Dans la partie coupée il s’est trouvé une petite source qui pleurait. Sa Majesté avait l’intention de faire un jet d’eau et par conséquent un petit bassin ; mais, comme ce travail présentait beaucoup de difficultés et une assez grande dépense d’argent, elle jugea convenable d’abandonner le projet.

L’Empereur avait pour concierge à Saint-Martin une femme nommée Mlle Durgy, qui était âgée de vingt à vingt-cinq ans. Il la nommait sa folle. C’était une espèce de fanatique napoléonienne et, comme telle, toute dévouée à Sa Majesté. Comme elle n’avait aucun moyen d’existence, l’Empereur lui avait donné cette petite place pour la faire vivre. Elle avait une imagination extraordinaire ; il n’y avait pas de fois que l’Empereur n’allât à Saint-Martin, qu’elle ne nous montrât quelques pièces de vers de sa façon à la louange de l’Empereur.

L’Empereur, qui aimait beaucoup le mouvement, la diversité,