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Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 64.djvu/687

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LITTÉRATURES ÉTRANGÈRES

LA RENOMMÉE POSTHUME
DE SAMUEL BUTLER


SAMUEL BUTLER, A MEMOIR, par Henry Festing Jones [1]


Il y a tantôt un demi-siècle paraissait à Londres, sans nom d’auteur, un petit livre signalant l’existence d’une terre inconnue. Le pays, difficile à localiser en dépit de la précision des descriptions du voyageur, s’appelait Erewhon, nom dans lequel certains lecteurs eurent bientôt fait de découvrir l’anagramme du mot nowhere, qui est l’équivalent d’ « Utopie. » Mais plus qu’à la topographie, l’auteur s’intéressait aux mœurs des habitants. Les Utopiens étaient un peuple fort avancé, mais professant sur toutes choses les idées les plus singulières. Du succès et du bonheur ils faisaient une vertu, et se montraient sans pitié pour l’infortune et la misère. Chez eux la maladie était réprimée avec la dernière rigueur, tandis que le vice était soigné dans des sanatoria, à peu près comme nous traitons les maladies. Un financier véreux n’était nullement déshonoré ; loin de le faire mettre en prison, sa peccadille lui valait la sympathie universelle, tandis que sa victime passait, pour « excès de confiance, » devant le tribunal des dupes. Venait-on toutefois à se sentir pris d’un inquiétant accès de canaillerie, on se plaçait entre les mains d’un « directeur » qui vous ordonnait un régime,

  1. 2 vol. gr. in-8o Londres, Macmillan édit.