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leur et la colère contre la Honte Noire. » C’est, en juillet suivant, une nouvelle interpellation au Reichstag d’un groupe de députés populistes. C’est la Deutsche Tageszeitung du 10 de ce même mois, qui parle d’une terreur sans fin. Ce sont tous les journaux de Francfort, la Frankfürter Zeitung, les Frankfürter Nachrichten, le Frankfürter General Anzeiger, qui font chorus. Munich ne demeure pas en reste et les Münchner Neueste Nachrichten, après avoir frénétiquement protesté (10 juin) contre l’interdiction du film « la Honte Noire, » enregistrent sans sourciller cette folle nouvelle :


On nous annonce de Trêves :

Des jeunes filles ayant perdu connaissance furent conduites chez un médecin qui constata que leurs artères étaient presque complètement vides de sang. Les noirs coupent ou mordent les artères de leurs victimes et en sucent ensuite le sang. Ce sont de vraies bêtes féroces.


Cependant les associations féminines redoublent d’activité et, au Eidelstedter Hof, pour la fête du printemps, entre une gavotte et un chœur wagnérien, on conspue furieusement le préfet de police Hense de Hambourg qui a interdit une réunion de protestation contre la « Schwarze Schmach » (Frankfürter Volkstimme du 6 mai). La Ligue allemande de défense contre la Honte noire (Munich) fait paraître une revue mensuelle en trois langues, allemande, anglaise et espagnole, où se retrouvent toutes les fausses accusations déjà portées contre nos troupes. La Pfalzzentrale de Heidelberg, sous la signature du professeur Ritter von Eberlein, publie à grand tirage une brochure intitulée : Les Noirs sur le Rhin. Et la Ligue allemande Fichte, dont le siège est à Hambourg, édite plusieurs appels en différentes langues qu’elle offre gratuitement « à tous ceux qui veulent éclairer l’étranger » (Täglische Rundschau du 6 juillet). La campagne s’étend même aux colonies françaises. D’après la Cologne Post, « il y a une école spéciale à Hambourg où le sénégalais et le malgache sont enseignés à d’anciens nègres allemands. On leur ressasse tous les griefs imaginaires de l’Allemagne ; puis on les envoie aux colonies propager ces infâmes mensonges. » Et, confirmant la chose, le Karlsruher Tageblatt confesse : « Les détails de ce plan destiné a apprendre aux noirs à penser et à raisonner (sic) doivent naturellement