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REVUE MUSICALE


Un opéra-comique wallon du XVIIIe siècle : Le Voyage de Chaudfontaine.


Opéra-comique, opérette, il y a de l’un et de l’autre dans le Voyage de Chaudfontaine, de Jean-Noël Hamal, compositeur liégeois du XVIIIe siècle. Longtemps réputé perdu, puis retrouvé, en Belgique, représenté avec un médiocre succès à Paris sur le théâtre des Nouveautés, en 1892 ; oublié depuis, même de nom, ce petit ouvrage a beaucoup d’agrément par lui-même. De plus, il est d’un musicien, d’une époque et d’un « milieu » qui méritent qu’on s’y arrête un moment.

Vers l’année 1750, Liège vit se former entre quelques-uns des notables de la ville une Société littéraire et musicale, comparable, d’un peu loin sans doute et d’un peu bas, à cette « Camerata » de Bardi, qui, dans un noble salon de Florence, un siècle et demi plus tôt, avait créé l’opéra. « Nous ne craignons pas, » dit une gazette du temps, a nous ne craignons pas d’être démenti en assurant que, dans cette partie des beaux-arts (la musique), Liège est l’émule de l’Italie. Rien n’est plus commun que d’y voir des personnes nées avec des organes sensibles à l’harmonie de la bonne musique. » Musique d’église ou autre, toute musique alors y florissait. Les maîtrises de la cité wallonne, fameuses dès le IXe siècle, n’avaient, au cours des âges, rien perdu de leur mérite et de leur renommée. La « chapelle » de la cathédrale Saint-Lambert était réputée entre toutes. En 1650, un de nos compatriotes[1] écrit de la métropole de Liège : « Le service divin s’y faict avec plus grande cérémonie qu’en aucun lieu que

  1. Le colonel Duplessy.