Page:Revue des Deux Mondes - 1921 - tome 65.djvu/683

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


UN COLLÈGE D’AUTREFOIS
LE VIEUX LOUIS-LE-GRAND


les origines

En 1545, l’évêque de Clermont, Guillaume du Prat, un des quatre prélats envoyés par François Ier au Concile de Trente, y remarqua un prêtre aussi savant que modeste, Claude le Jay, procureur de l’évêque d’Augsbourg. On lui dit qu’il était un des disciples d’Ignace de Loyola. Guillaume du Prat, dont le directeur de conscience avait fréquenté à Rome les premiers Pères dans leur première habitation du Monte Pincio et lui en avait fait un grand éloge, entra aussitôt en relations avec lui. Ce que le Père le Jay lui apprit des Jésuites l’édifia et lui donna l’idée d’établir, sous leur direction, un collège séminaire à Paris même, dans l’immeuble qui appartenait à son évêché de Clermont. Ignace accepta volontiers : il avait gardé une profonde reconnaissance à l’Université de Paris, et il était si désireux que le plus grand nombre de ses disciples en reçût la formation qu’il les avait déjà envoyés au Collège des Trésoriers, puis au Collège des Lombards. En 1550, après les fêtes de Pâques, ces jeunes scolastiques quittèrent les Lombards et s’installèrent dans l’hôtel épiscopal de Guillaume du Prat. Jusque-là ils ne le distinguaient pas des autres étudiants ; mais, une fois à l’hôtel de Clermont, ils prirent le même costume, et l’on vit qu’on avait affaire à ce nouvel Ordre mystérieux sur lequel couraient déjà des légendes et dont les membres avaient l’audace d’usurper le nom de Jésuites « comme si, seuls, ils étaient les