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accentuée une folle et scandaleuse spéculation. La Franckfurter Zeitung a fait, à cet égard, une constatation édifiante : « Cette fièvre de spéculation, a-t-elle dit, est une preuve pour l’étranger que l’Allemagne n’a pas encore retrouvé son équilibre moral ; une grande partie du peuple allemand spécule contre la prospérité de sa propre patrie. » De son côté, M. Georg Bernhard, dans la Vossische Zeitung, a déclaré que la panique financière allemande était le résultat de manœuvres inexcusables ; il a montré qu’une multitude de gens sans scrupules jouaient tout ensemble à la baisse sur les marks et à la hausse sur les actions, et il a conclu : « Si on ne réprime pas, à bref délai, cette spéculation insensée, une catastrophe est imminente. » Le fait est que les devises américaines ont été jusqu’à dépasser à Berlin le cours officiel de 100. Le 27 janvier 1920, il est vrai, le dollar avait déjà côté 108 en Allemagne ; mais c’était alors la période la plus i critique pour le Reich, et, dès le 25 mai 1920, le dollar était retombé là 35 marks ; depuis lors, il n’a cessé de remonter et toutes les devises étrangères, même la couronne autrichienne, ont suivi une progression correspondante. Comme le remarque M. Georg Bernhard, cette baisse du mark n’est pas la conséquence de la situation économique elle-même ; elle est l’œuvre des boursiers du Reich ; et un détail le prouve bien : à chaque séance de sa Bourse, New-York cote le mark au-dessus des cours de Berlin. Dans la même Vossische Zeitung, M. Georg Münch dénonce, à son tour, cette frénésie de spéculation. Il indique que les auteurs de ces opérations ont réalisé des gains formidables sur les changes et qu’ils achètent par anticipation de grandes quantités de devises, pour devenir les pourvoyeurs du Reich. Ainsi se sont effondrés les cours du mark ; et tout se passe, en définitive, comme s’il y avait en Allemagne des personnes intéressées à préparer la comédie d’une faillite, en commençant par réaliser des enrichissements éhontés.

La seconde condition à laquelle était subordonnée la remise des sanctions économiques ne s’est pas trouvée accomplie à la date prescrite. Dans une note du 26 août, le Gouvernement allemand, au lieu de donner, comme il le devait, son adhésion préalable à la création de l’organisme interallié, tel qu’il lui était proposé, a imaginé d’incroyables chicanes. L’institution projetée avait simplement pour objet de contrôler le fonctionnement des douanes allemandes, dans la mesure nécessaire pour empêcher qu’il fût établi, à l’égard des territoires occupés, des dispositions contraires aux dispositions des articles 264, 265, 266 et 267 du Traité de paix. Mais le