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soit généralement la bienvenue, celui de la Bourse, elle sème l’inquiétude et suscite des récriminations. Les actions de tout genre ont monté depuis quelques mois à Berlin, à Francfort et sur les autres places germaniques dans une proportion invraisemblable. On ne trouve plus d’offres suffisantes pour satisfaire les demandes. On a dû fermer quatre jours par semaine les Bourses, pour une raison inverse de celle qui les avait fait clore en août 1914. On manquait alors d’acheteurs : aujourd’hui, ce sont les vendeurs qui font défaut. Les détenteurs.de billets agissent comme le faisaient les porteurs d’assignats de la Révolution française : ils cherchent à transformer leur papier, dans lequel ils n’ont plus confiance, en marchandises qui conservent la valeur, l’incarnent, tandis qu’elle fond entre les mains de celui qui possède les billets. Parmi les richesses qui s’offrent ainsi aux acheteurs, se placent au premier rang les titres mobiliers, qui ont, en outre, l’avantage de procurer un revenu à leur propriétaire. Sous l’influence de ces demandes, on voit se produire une hausse désordonnée, que les Allemands eux-mêmes qualifient de « catastrophique. » Elle ne correspond pas à l’amélioration de la situation des entreprises, qui est réelle dans beaucoup, de cas, mais qui ne justifie pas une capitalisation des dividendes à 2 pour 100, à laquelle correspondent beaucoup des cours côtés en ce moment.

Telle est la situation allemande, de laquelle les partisans de l’inflation auraient tort de vouloir tirer argument en faveur de leur thèse. Si l’exportation de nos voisins a repris son essor, c’est parce qu’ils se sont remis à la besogne avec énergie, que l’augmentation des salaires a été relativement moins forte chez eux qu’ailleurs, que les heures de travail n’ont pas été limitées comme chez nous, qu’avec leur outillage, resté intact, ils ont recommencé à produire dès le lendemain de l’armistice. Une série d’éléments favorables leur a permis de lutter avec succès sur les marchés mondiaux et d’y envoyer, au cours de l’année 1920, 20 millions de tonnes de marchandises valant 69 milliards de marks, tout en important, pendant la même période, 19 millions de tonnes de matières premières, d’objets d’alimentation et de produits fabriqués, évalués à 97 millions de marks. Le déficit de la balance commerciale a donc été de 28 milliards de marks, soit environ 4 milliards de francs au cours actuel du change. Il est impossible de prévoir ce que sera