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milliards à payer aux actionnaires et obligataires les revenus promis, que les produits de l’exploitation d’État avaient été loin de fournir. De même en Angleterre. Il est instructif de consulter le Livre bleu publié à Londres sous le titre de « comptes commerciaux et bilans, relatifs aux services entrepris pendant la guerre en rapport avec les approvisionnements de guerre et de vivres et les services normaux des départements gouvernementaux. » Les services ont tous été, à l’exception de celui des frets, la source de pertes considérables. Voici la nomenclature des principales : 4 270 868 livres sterling sur le bois indigène, 2 000 365 sur les cuirs, 1 902 983 sur le pétrole, 1 172 000 sur le lin, 5 396, 000, sur les engrais minéraux, 104 810 517 sur les céréales, 5, 573, 477 sur le poisson norvégien, 7 389 455 sur le poisson, l’huile, les légumes, 4 462 596 sur les labourages par traceurs et autres services, du département de l’agriculture ; au total, 136 481 436 livres sterling, soit, au pair, 3 400 millions, et, au change actuel, près de 7 milliards de francs.

Il est vrai que, dans plusieurs cas, notamment en ce qui concerne le pain, c’est de propos délibéré que les Gouvernements l’ont vendu meilleur marché qu’il ne leur coûtait. Mais les pertes subies sur d’autres exploitations qui auraient, entre les mains, de particuliers, couvert leurs frais ou laissé des bénéfices, est un argument de plus, apporté au dossier écrasant que la guerre a fourni contre l’étatisme.

Nous ne nous bornons pas d’ailleurs à tirer de cette mémorable leçon de choses la conclusion qu’il faut achever de retirer au plus. tôt des mains de l’Etat les exploitations qui lui ont été confiées pendant la guerre. On peut aller plus loin dans cette voie et envisager le retour à l’industrie privée de certains services publics : un sous-secrétaire d’État aux postes ne dressait-il pas récemment le plan d’une organisation autonome qui aurait son budget, son capital de premier établissement, ses recettes et ses dépenses propres, et qui devrait, dès lors, comme une entreprise particulière, assurer sa marche sans avoir recours au Trésor public ? Nous ne prétendons pas qu’il faille, du jour au lendemain, retirer à l’Etat le service des postes, des télégraphes et des téléphones. Mais ne pourrait-on envisager un essai d’organisation, sur une base nouvelle, des téléphones par exemple ; on, s’inspirerait à cet effet de l’exemple des États-Unis, où ce service, organisé par fies Sociétés particulières, fonctionne avec une