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UNE ERREUR DE M. LLOYD GEORGE

PETITE PROPRIÉTÉ FRANÇAISE
ET CONFISCATION RUSSE

M. Lloyd George, dans son discours à la Chambre des communes, le jeudi 25 mai dernier, s’est exprimé en ces termes :


Les révolutions qui s’effectuent sur une grande échelle, entraînent dans leur sillage la confiscation des biens et j’ai le regret de dire confiscation sans compensation. La Révolution française a été accompagnée de la confiscation de toutes les terres et peut-être l’esprit conservateur de la France d’aujourd’hui a-t-il ses racines dans la confiscation.

La révolution russe entraine aussi comme conséquence la répudiation des obligations contractées par la Russie ; mais il y a cette différence avec la France que si celle-ci a créé un système de petites propriétés pour le paysan sans offrir de compensation pour les terres confisquées, elle n’a pas cherché à emprunter de l’argent aux autres nations.


Comme la bonne foi de M. Lloyd George ne saurait être mise en doute et qu’il croit sincèrement ce qui précède, nous sera-t-il permis de dire que le premier ministre d’Angleterre abuse un peu du droit que possède un homme politique étranger d’ignorer l’histoire économique de la France, tant ancienne que moderne, et qu’il use aussi très largement du même droit en ce qui concerne la Russie agricole d’aujourd’hui.