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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 10.djvu/498

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figures de saints. Enfin cet antique monument d’une foi réelle et précise avait l’air étonné de son nouvel usage, et mal fait pour recevoir ses nouveaux fidèles qui doutent et discutent. Otez à Notre-Dame ses vitraux, ses tableaux, ses autels ; faites monter en chaire un monsieur en habit d’avocat qui vient discuter l’Évangile ; vous ne comprendrez plus cette hauteur sublime du temple, ces colonnes qui montent au ciel comme des âmes enthousiastes, ces voûtes en forme de mains jointes ; toute cette grande prière de pierre qui adore et ne réfléchit pas. Même si ce monsieur vous intéresse et vous touche, vous aimerez mieux l’entendre entre quatre murs, dans une chambre chaude, et dans ce grand édifice sa petite voix ne fera que vous glacer. Voilà ce que je pensais dans Saint-Pierre de Genève, où d’ailleurs le sermon ne m’intéressait pas.


A M. Henry Cochin.


Genève, 24 février 1871.

Mon cher Henry,

Maman m’écrit que tu viens. Quel bonheur ! Je ne puis te dire combien j’ai envie de te voir et de te taquiner un peu comme par le passé quand tu n’étais pas garde national, ni moi lancier. Je me figure que ma lettre arrivera après ton départ : mais tant pis, je l’écris tout de même. Et puis je commence à craindre que les nouvelles de paix ne vous retiennent pas, car il est bien certain que je serai bientôt libre de ma prison et de mon métier.

Maman me parle d’écrire à papa « pour mon grade. » Dis-lui bien que je n’ai envie d’aucun grade. On m’a dit que je serais sous-lieutenant ; on m’a dit que j’étais porté pour la médaille militaire. Tout cela n’est pas venu. Mais je n’y pense plus du tout.



A la comtesse Benoist d’Azy.


La Roche, 22 mars 1871.

Ma bonne grand mère,

Je ne sais si vous avez appris que je viens de trouver à Paris ma dernière et de beaucoup ma plus intéressante aventure : celle de retrouver mes frères et mes parents après six mois de