Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 11.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

A partir de juillet 1915, s’ouvre une phase encore plus douloureuse dans les rapports entre la Ville et l’autorité allemande, celle qui conduit de la menace à l’exécution. Les contributions et amendes restant à payer s’élevaient, pour l’ensemble des communes de la région lilloise, à 20 millions de francs, auxquels viennent s’ajouter 9 millions de marks, soit 11 200 000 francs, à prélever par la Vie armée, pour les dépenses d’ordre purement militaire. — Nous signalons, en passant, l’odieux de ce dernier prélèvement, qui fait de cet argent français une sorte d’arme combattante, retournée contre des Français, et cela en violation des lois de la guerre, même de celles qui furent consignées dans le code du grand Etat-major allemand.

C’est alors que, franchissant la barrière qui sépare la propriété publique de la propriété privée, le haut Commandement allemand décrète que, pour la garantie de ces sommes, toutes les communes du territoire occupé par la VIe armée, et tous les administrés de ces communes, seront solidaires. Comme mesure préparatoire pour les contraindre au paiement, il ordonne de mettre sous scellés les fonds et valeurs, appartenant aux administrés de ces communes, et contenus dans les coffres et caisses des principales banques du territoire occupé.

Puis, il invite les municipalités et les banques à lui faire une proposition pour assurer, dans le plus bref délai, le paiement, non seulement des sommes réclamées, mais encore des contributions qui pourraient être imposées, dans un avenir prochain, et cela de telle façon que cette garantie puisse donner entière satisfaction à l’armée.

En même temps, les banques sont prévenues qu’elles ont à fournir à l’autorité allemande une liste faisant connaître : 1°) les espèces et billets de banque (non pas les bons communaux) dont elles disposent ; 2°) leurs avoirs à l’étranger ; 3°) les coupons échus et détachés et ceux qui restent encore à détacher jusqu’au 1er octobre 1913.

Ainsi, comme résultat de cette nouvelle procédure de violence, il est établi, pour le présent et l’avenir, le principe, non seulement de la solidarité entre toutes les communes de la région occupée, mais aussi entre tous les particuliers, qui en répondent sur leurs biens et valeurs, qu’ils soient ou non déposés dans les banques.

Devant l’extrême gravité de cette situation et la menace de