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dans la solidarité internationale. Toute la question est de savoir quelle place ils y voudront tenir et quel rôle ils y sauront jouer.


LE PRÉSIDENT WILSON ET LE TRAITÉ DE VERSAILLES

Le traité de paix avait été signé à Versailles le 28 juin 1919. Aussitôt le Président, qui n’avait pas attendu cette date pour convoquer par câble, de Paris, le 66e Congrès en session extraordinaire, s’empressa de rentrer et de le soumettre à la ratification du Sénat. L’opposition se manifesta, dès le début, avec beaucoup de vivacité. Les électeurs, auxquels M. Wilson avait commis l’imprudence et l’erreur d’adresser un appel de partisan et de demander, à la veille des élections, qu’ils lui renvoient un Congrès démocrate, avaient répondu en élisant une majorité républicaine. D’autre part, le Sénat tenait rigueur au Président de n’avoir été, en aucune mesure, associé à la négociation du traité. Seuls, quelques-uns de ses membres, invités à la Maison Blanche durant le court passage du Président de février à mars 1919, avaient été mis au courant de ses plans. Des exemplaires du traité parvinrent aux Etats-Unis à de simples particuliers avant que le texte officiel n’en eût été présenté au Sénat, c’est-à-dire à l’Assemblée dont une des prérogatives les plus importantes est de les préparer et de les ratifier. La dictature présidentielle s’exerçait dans les négociations de paix, comme elle s’était exercée dans les mesures de guerre, et les sénateurs ne laissaient pas d’éprouver, de ce sans-gêne à leur égard, un assez vif ressentiment.

Les leaders républicains, au Sénat et dans le pays, laisseraient-ils échapper une si belle occasion de frapper le chef du parti adverse, l’élu et le champion des démocrates ? La politique intérieure allait envenimer et compliquer les difficultés d’ordre extérieur et diplomatique relatives au règlement de la paix.

Mais les sénateurs, — il serait injuste de le méconnaître, — avaient d’autres griefs, d’ordre plus général et théorique. Ils s’étaient opposés à divers articles, et notamment au pacte de la Société des Nations. Dès que les dispositions en avaient été connues en Amérique, plus du tiers des sénateurs (c’est-à-dire un nombre suffisant pour faire échec au traité) avaient signé une pétition déclarant leur opposition à ce texte « dans la forme actuellement proposée, » et réclamant que la discussion du