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affaires publiques. Son porte-parole au Sénat, M. Hitchcock, du Nebraska, demanda la ratification du traité sans conditions. Une longue et confuse discussion s’engagea. Au vote final (19 novembre 1919), le traité, qu’accompagnaient quinze amendements Lodge, rallia la majorité des suffrages (55 contre 39), mais ne fut pas ratifié, parce que cette majorité ne représentait pas les deux tiers. Treize sénateurs républicains, décidés à combattre le traité, s’étaient joints aux démocrates, auxquels le Président avait enjoint, par une lettre au sénateur Hitchcock, de voter contre les réserves. Un organe républicain, le New-York Herald, écrivait dans son numéro du lendemain : « Quand l’histoire de cette période sera écrite, les noms des hommes qui, dans le Sénat et au dehors, ont combattu ce document inique, seront inscrits en lettres d’or comme désignant ceux qui conquirent pour nous la Seconde Déclaration d’Indépendance. »

La session extraordinaire prit fin le même jour, chaque parti lançant à l’autre le reproche d’avoir créé cette situation sans issue. A l’ouverture de la session ordinaire, le 1er décembre, le président Wilson annonça qu’il ne représenterait pas le traité au Sénat, mais en laisserait la responsabilité à ses concitoyens. Cela signifiait que le traité devenait l’enjeu de l’élection présidentielle de 1920. Pour éviter cette issue, le Sénat rouvrit le débat, qui se concentra principalement sur l’article X. Des dispositions plus conciliantes semblaient se manifester, aussi bien de la part de M. Lodge que des sénateurs favorables à l’Administration, et l’on put croire un instant qu’un compromis assurerait le vote du traité. Mais, une fois de plus, celui-ci fut repoussé (par 49 voix contre 35).

C’est sur la ratification du traité de Versailles et la participation de l’Amérique à la Société des Nations qu’allait donc se disputer l’élection présidentielle. Le candidat du parti démocrate, le gouverneur Cox, appuyé par la Maison Blanche, se prononça pour « la ratification immédiate du traité, sans réserves qui l’atteignissent dans l’essence de son intégrité. » Le candidat des républicains, le sénateur Harding, se déclarait favorable à un « accord international » propre à sauvegarder la paix dans l’avenir, mais s’opposait à la Société des Nations telle que la prévoyait le pacte incorporé au traité. L’écrasante victoire des républicains, ralliant au premier degré une majorité sans précédent de 16 140 585 contre 9 141 621 et, au vote définitif