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question d’une réduction éventuelle de la dette allemande ? M. Poincaré, en répondant à M. Klotz, précisa qu’il ne fallait voir là qu’une allusion à la réduction, depuis longtemps envisagée, de la dette allemande dans le cas et dans la proportion où l’Angleterre ou les Etats-Unis réduiraient eux-mêmes leur créance sur la France.

La solution transactionnelle à laquelle la Commission des réparations s’est arrêtée et que le Conseil des Ministres a entérinée dès le lendemain, apparaît comme la plus sage. Elle ne compromet ni le présent, ni l’avenir ; elle tient compte de la réalité des faits, — la chute du mark, quelle qu’en soit la cause, est un fait, — sans porter atteinte à l’intégrité des droits. Un effort de conciliation a été fait de toutes parts ; il a été bien accueilli en Angleterre, en France, dans tous les pays de l’Entente et aux États-Unis. La presse américaine souligne avec satisfaction l’action officieuse de M. Logan. Le New-York Herald souligne avec raison l’importance de cette rentrée, timide encore, mais déjà bienfaisante, des États-Unis dans les affaires européennes. « L’Europe peut respirer maintenant que le danger d’une rupture entre les Alliés a pu être évité. M. Logan a joué le rôle d’un médiateur, sans cependant engager les États-Unis en ce qui concerne les réparations ou les dettes interalliées. Il a usé de son influence, particulièrement auprès de sir John Bradbury, pour que la Commission aboutit à un accord destiné à sauver les alliances et les amitiés actuelles. » L’autorité personnelle de M. Louis Dubois, président de la Commission, la haute estime et la confiance dont il jouit de la part de ses collègues, ont largement contribué au résultat final.

Certains journaux, des deux côtés de la Manche, ont voulu faire de la décision de la Commission un succès soit pour M. Lloyd George, soit pour M. Poincaré. C’est mal poser la question. Comme le remarque le Daily Chronicle, la France et l’Angleterre ne sont en désaccord que sur une question de méthode. M. Lloyd George croit qu’il faut faire confiance à l’Allemagne, s’en rapporter à sa bonne foi, quitte à la contrôler, pour payer les réparations, dont le montant devrait d’ailleurs être réduit ; le même journal écrit avec candeur : « L’Allemagne elle-même peut faire des propositions qui rassureraient tous ses créanciers. » En France, on ne croit pas à la volonté allemande de payer ; on ne veut ni la ruine de l’Allemagne, — comment la voudrait-on, puisque nous sommes ses créanciers ? — ni sa dislocation ; mais l’expérience des siècles nous a appris que l’Allemand ne cède qu’à la force. Si les Anglais avaient, depuis l’armistice, fait bloc avec la politique française pour donner à l’Allemagne le