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l’inauguration du monument, le Président, parlant sur la place publique et devant un très nombreux auditoire populaire, m’avait adressé la parole en espagnol ; devant cet auditoire de 300 personnes, il eut l’aimable attention de me porter un toast en français. Toutes les cérémonies de la journée avaient retardé jusqu’à neuf heures et demie l’heure où nous nous sommes mis à table ; nous étions loin d’en sortir quand une retraite aux flambeaux vint défiler devant le cercle, et le Président m’invita à me mettre une fois de plus au balcon. L’enthousiasme de la foule devint du délire ; le discours enflammé de l’alcade l’augmenta encore. Très tard, dans la nuit, des cortèges parcouraient les rues en chantant la Marseillaise.

Le 14 juillet a été choisi par la République de Panama pour sa fête nationale ; j’ai donc assisté dès huit heures a un Te Deum solennel chanté dans la cathédrale. Puis le général Babbitt m’a invité à passer avec lui en revue les troupes de la zone américaine qu’il avait concentrées à Panama dans ce dessein. Je pensais que nous allions d’abord les passer en revue au galop, selon l’usage. Mais on m’expliqua que le service de santé avait interdit aux chevaux l’entrée du champ de manœuvres, parce que leurs sabots pourraient laisser dans le sol assez meuble des empreintes où l’eau serait susceptible de séjourner et de recevoir des larves de moustiques... Quand on sait les ravages causés par le paludisme et la fièvre jaune à Panama et dans beaucoup de régions tropicales, on n’est pas tenté de sourire de ces précautions.

La compagnie de débarquement du Jules Michelet défile avec les troupes américaines et fait très bon effet. Nous visitons ensuite quelques casernes dont les ouvertures sont revêtues de treillage métallique, nouvelle précaution contre les insectes. De fait, non seulement les moustiques ont disparu, mais les mouches aussi, véhicules de tant de maladies et cause de tant d’agacements.

Des équipes sanitaires veillent constamment à la disparition des flaques d’eau et surveillent sans cesse les terrains publics ou privés. Toutes les maisons sont revêtues du même treillage métallique que les casernes ; aussi l’état sanitaire est excellent et je vois les petits Américains du Nord, dont la figure rose respire la santé, jouer nu tête à midi en plein soleil. Chacun se livre à tous les sports qui font partie de l’existence anglo-saxonne ; je suis convié à assister à des joutes nautiques où un essaim de