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de 468,20 ; par huit écluses échelonnées du kilomètre 5 au kilomètre 546,50, il atteint, avec des chutes moyennes variant entre 8 et 11 mètres, le bief de partage situé à 546 mètres d’altitude et long de 25 200 mètres, entre le kilomètre 39,809 et le kilomètre 65). Arrivé en ce point, le canal se précipite littéralement dans le lac de Constance, par le moyen d’une cascade de 14 écluses amenant les bateaux de la cote 546 à la cote 395, en un trajet long de 34 kilomètres 500. Le secteur le plus hardi de cette cascade est celui qui tombe, pour ainsi dire à pic, de la cote 546 à la cote 447, en un trajet de 5 kilomètres 300 mètres, du kilomètre 65 au kilomètre 70,300. Sur ce trajet exactement long de 5 300 mètres, les ingénieurs ont disposé 11 écluses en un véritable escalier dont les marches mesurent pour la plupart 500 mètres de largeur et 10 mètres de hauteur. Rarement hardiesse aussi grande a été constatée dans des travaux de ce genre. Et il est facile de se représenter l’aspect étrange que va revêtir cette sorte d’échelle à bateaux escaladant le versant Danube et dégringolant le versant lac de Constance.

Quant au canal Rhin-Main-Danube, qui monte à une altitude moindre cependant, son profil est peut-être plus impressionnant encore : il part d’Aschaffenburg au kilomètre 0 de la cote 108,5, grimpe par 36 écluses à la cote 405 sur une longueur de 324 kilomètres, atteint cette altitude à Berheim, s’y maintient en un bief long de 14 365 mètres jusqu’à Trasbach, et de là — kilomètre 338,365, — il redescend par 12 écluses de la cote 405 à la cote 326,47 sur un trajet long de 87 kilomètres et 362 mètres, rejoint le fleuve à Regensburg et le descend en canalisation jusqu’à la cote 299,400 d’abord et 279 ensuite. Sur le profil d’ingénieur, ce tracé dessine une sorte de triangle aigu donnant, dans le ramassé du dessin, l’apparence linéaire d’une pyramide audacieuse.

Ni la rigueur du climat continental, risquant de transformer en hiver certains biefs en blocs de glace, ni la délicatesse d’un outillage nouveau ne paraissent devoir arrêter les ingénieurs, pas plus que les usagers : les uns acceptent volontiers l’interruption obligatoire du trafic durant certaines périodes hivernales, les autres envisagent sans gêne l’éventualité d’un entretien approprié et de réparations annuelles.