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réservé du temps pour la pratique des sports, d’où sa santé physique et morale ; de même qu’il a toujours accordé à son esprit quelques moments de détente, de façon qu’au lieu d’être écrasé par ses occupations, il les domine. M. Barrère a son violon d’Ingres ; et c’est précisément un violon.

Sur la place du palais Farnèse, il a vu paraître les Romains qui acclamaient la France, et qui unissaient les deux drapeaux tricolores : j’imagine quelle émotion dut étreindre, ce jour-là, son cœur passionné, généreux. Il fut un des plus sûrs artisans de la victoire. Puis, comme tout le monde, au moment où il croyait la bataille finie, il s’est aperçu qu’elle recommençait sous une autre forme. Elle le trouve fidèle à son poste, droit et ferme, n’ayant rien changé à ses sentiments ni à son vouloir. Il persiste à croire que la seule réalité qui compte, c’est l’amour de l’Italie et de la France. Je connais des pays où l’on n’aurait pas eu assez d’honneurs pour le remercier de toute une vie passée au service d’une grande cause. Que l’hôte du palais Farnèse soit assuré, au moins, de notre reconnaissance : et qu’il mesure la grandeur de son œuvre à la haine effrénée que les germanophiles lui ont vouée.


D’UN HOMME D’AFFAIRES

— Si vous tenez vraiment, en France, à ce que nos relations s’améliorent, soyez enfin pratiques. De grâce ! plus de toasts, ni de discours ; plus de banquets. Surtout, ah ! surtout, ne nous parlez plus des sœurs latines. Dans les manifestations qui n’ont pas de résultats concrets, immédiats, l’Italie ne voit pas seulement une rhétorique inutile ; elle les interprète comme une mainmise sur sa liberté. Sa susceptibilité, particulièrement ombrageuse à l’égard de la France, n’est guère moins vive à l’égard des autres nations, soyez-en sûrs. Voyez son attitude en politique étrangère : elle a été trop longtemps inféodée à une alliance pour se soumettre à un autre joug ; elle veut garder farouchement sa liberté ; elle prétend réserver chaque fois sa décision, sans se lier à un pays plutôt qu’à un autre, et en ne tenant compte que de ses intérêts. Je ne sais pas si la chose est possible ; je ne veux même pas discuter la question de savoir si elle est souhaitable : c’est un état d’esprit que je constate sans le juger.

« Mais étant donné les difficultés de toute nature où elle