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Mémoires, je prie mon fils de leur en faciliter les moyens et de les y encourager. Bien des points de l’histoire contemporaine en seraient éclaircis. »

Seul juge de l’opportunité d’une publication, le prince Louis-Napoléon a voulu, avant d’ouvrir les archives de Prangins, que les causes de polémique fussent éteintes et que les personnages qui pouvaient avoir joue un rôle dans le drame dont le prince Napoléon devait rendre compte, eussent disparu. Je ne saurais avoir la prétention d’écrire les Mémoires du prince, même d’après ses papiers personnels ; d’accord avec le prince Louis Napoléon, qui veut bien me continuer les sentiments dont son père m’avait honoré, je voudrais seulement, parmi les correspondances qu’il avait entretenues avec ses contemporains et dont certaines ont été conservées, en choisir qui le montrassent dans les milieux qu’il préférait, avec ceux qu’il honorait de sa confiance et de son amitié. L’on a cherché en pareil cas à réunir aux lettres les réponses, de façon à former ainsi un ensemble de pièces se complétant et s’expliquant l’une l’autre. Ainsi pour Mme  Sand, et pour Ernest Renan ; les lettres de Mme  Sand ont été communiquées par sa petite-fille ; colles de Renan par sa fille. Celle-ci y a même joint les brouillons de certaines de ces lettres auxquelles il attachait une importance particulière.

Quelques notes très brèves suffiront pour éclaircir des détails ou fournir sur des personnages des indications précises.

De la correspondance du prince Napoléon avec Ernest Renan, bien des lettres ont dû être égarées. Si, moyennant la parfaite bonne grâce de madame Noémi Renan, on a pu joindre ici aux lettres du Prince quelques lettres de Renan, il n’est pas moins vrai que celle correspondance, qui fut interrompue de 1861 à 1889 et dont subsistent des pièces qui, comme des assises de monuments détruits, attestent les gloires passées et les font regretter, est singulièrement défectueuse… 1861, ce sont presque les débuts de Renan et jusqu’à leur mort, le Prince et le savant restent en communion. Ils échangent leurs pensées politiques et, bien plus que par des lettres, qui s’écourtent fatalement, par des conversations le long du lac Léman, dans les bois de chênes, vers le promontoire où le Prince érigea une statue de bronze à Napoléon, médiateur de la Confédération suisse.