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Si des associations secrètes existent en Allemagne, c’est évidemment qu’elles poursuivent des buts difficilement avouables. Beaucoup sont issues de sociétés que le Reich dut interdire pour satisfaire nos justes réclamations et qui maintenant se dissimulent ou se masquent ; un plus grand nombre abritent leurs véritables tendances sous le couvert de statuts licites. Des groupements ouvertement monarchistes pourraient être considérés comme abusifs par le Gouvernement de Berlin. En adoptant des buts inoffensifs ou mêmes dignes de ses encouragements, — entretien du sentiment patriotique ou de la culture allemande à l’intérieur comme à l’extérieur ; prédication de la paix et de la liberté ; accession de l’Allemagne à la Société des nations ; défense du germanisme, notamment dans les pays de langue allemande, etc., — on le met dans l’impossibilité de sévir, à supposer qu’il en ait le pouvoir. Comment, en effet, blâmer, d’aussi louables intentions ? Comment encore s’opposer à la formation d’associations amicales entre gens de même profession,-— celle des armes spécialement, — qui cherchent à s’entr’aider ? Les anciens combattants, les sous-officiers et soldats d’un régiment, les ex-officiers, ceux ayant appartenu à une même arme en particulier, ,de même les sous-officiers, ne peuvent être régulièrement exclus du droit d’association. Ils en profitent largement.

Tout cela serait bien, si ces unions se mouvaient dans le cadre mutualiste que leur assignent généralement leurs statuts. Or les groupements civils, — nous parlerons plus loin des militaires,— sont stipendiés par les partis de droite ; sous prétexte de patriotisme, ils font ouvertement campagne pour le rétablissement de la monarchie. Par le fait même, ils sont pangermanistes, attaquent le traité de Versailles, attaques interdites, en toute légalité, puisque le dit traité est devenu loi de l’Etat allemand au même titre que les autres lois.

Malgré cela, les 2 et 6 mars 1922 à Berlin, les 7 mars et 2 avril à Magdebourg, le 15 mai à Hanovre, de grandes réunions se sont tenues pour protester contre la responsabilité allemande dans la déclaration de guerre. Le même sujet est développé, — on imagine dans quel sens, — par les publications émanant du « Comité exécutif des grandes associations