réserve que l’exécution en sera exclusivement confiée au ministère public et aux tribunaux bavarois ; de même, la police criminelle d’Empire ne pourra pas exercer de mandats en Bavière.
Lerchenfeld, qui ne fut peut-être pas personnellement très chaud partisan de cette décision destructrice de l’œuvre du Gouvernement central, en tente cependant la justification. Il dit : « Le tribunal d’Empire, tel qu’on le prépare, ne sera composé ni de juges de profession, ni d’échevins, ni de jurés, mais au contraire de personnages non indifférents aux questions politiques ; le peuple bavarois en grande majorité voit dans ces dispositions une violation des droits fondamentaux du citoyen et des principes d’une vraie démocratie(î) Aussi manifeste-t-il une émotion considérable et menace-t-il de troubler l’ordre. Or, l’article 49 de la constitution de Weimar autorise les États à prendre d’eux-mêmes des mesures lorsqu’il y a péril en la demeure. C’est incontestablement le cas pour la Bavière ; donc l’ordonnance bavaroise est légale. » Lerchenfeld ne manque pas non plus de s’élever contre la rétroactivité dont le principe vient d’être inscrit dans la loi, « ce qui est en opposition avec les règles du droit. » Il manque d’autant moins d’élever cette protestation qu’il sait quelle émotion produit parmi ses administrés la perspective de poursuites possibles contre les auteurs de la série de crimes et d’attentats commis depuis deux ans avec la connivence de la police, de l’armée et du Gouvernement bavarois. Il n’ignore pas que les assassins de Gareis et d’Erzberger vivent en paix sous sa propre protection et que celui de Kurt Eisner jouit, en fait, non seulement d’une complète liberté, mais d’une grande popularité. Et puis il faut bien aussi que le procès, pour la forme, qui vient d’être intenté à l’Organisation Consul, ce repaire de can brioleurs et d’assassins, n’échappe pas aux juges bavarois qui, gagnés à la réaction, sont seuls assez experts pour régler, à la satisfaction de l’opinion publique, les affaires politiques de ce genre. À aucun prix, le Reich ne doit avoir droit de regard, et encore moins de direction, dans ces sortes de débats.
L’apparition de l’ordonnance bavaroise, annoncée à Berlin par von Præger, y jette un profond émoi. Tout d’abord, on y parle de l’envoi à Munich d’un commissaire extraordinaire muni de pleins pouvoirs ; on y envisage même l’idée (l’une exécution militaire de la Bavière ; tout cela est en effet constitutionnel. Mais on se rend bientôt compte que nulle mobilisation n’est