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Fin mai, dans une conférence faite à une section du parti populaire, von Kahr dit que tous les efforts de l’Allemagne doivent tendre vers le rétablissement de son armée, malgré le traité de Versailles, car « une grande Puissance ne peut se passer de la force et du courage d’en user. » Il joint à cette déclaration une profession de foi monarchiste.

Le 1er juin, un congrès du parti du Centre décide, lui aussi, de reprendre vigoureusement la lutte contre « l’infâme traité de Versailles.

Le 9 juin, le cirque Krone déborde d’une foule considérable qu’une savante publicité est parvenue à réunir pour entendre parler du mensonge des responsabilités de la guerre. La même question est reprise le 28 et une page ne contiendrait pas la liste des sociétés signataires de l’affiche de convocation.

Le 13 juin, la « Ligue pour la protection des populations de race allemande » procède à la bénédiction d’un nouvel étendard. A cette occasion, elle déploie le drapeau impérial, chante la « Garde au Rhin » et fait un accueil enthousiaste à un descendant de Bismarck qui exalte l’esprit de lutte comme étant seul capable de sauver l’Allemagne de la ruine.

Le lendemain 14, c’est la ligue « Oberland, » — aussi dangereuse que l’organisation Consul, parce qu’elle poursuit des fins et fait usage de moyens analogues, — qui donne une grande fête. Un Germano-Américain qui a gratifié de 15 millions de marks les soldats atteints de maladies nerveuses, dit « qu’à l’exemple de milliers et de milliers de ses compatriotes, il est convaincu que l’Allemagne n’est pas responsable de la guerre, que les 14 propositions de Wilson n’ont jamais correspondu à la mentalité américaine, que le monde entier considère les Allemands comme les véritables vainqueurs de la guerre, » et il conclut : « Comptez sur vous, l’avenir vous appartient. » On l’applaudit frénétiquement et on le porte en triomphe.

Ce même jour, « l’Association contre la honte noire » tient ses assises au cirque Krone devant plusieurs centaines de personnes. L’orateur, un conseiller d’Etat, refait le discours qu’il a prononcé huit jours auparavant à Lindau. La violence de son langage et aussi sa crudité sont inconcevables. Il commence par faire le procès de l’impérialisme et du militarisme français qui, depuis des siècles, « font le malheur de l’Europe. » Richelieu, Louis XIV, Turenne, Napoléon, Poincaré-la-Guerre, tout y