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faut être nationalistes jusqu’à la moelle... Ayons confiance dans notre propre force ; n’oublions pas qu’il existe encore dix millions d’Allemands sur les douze qui ont, pendant quatre ans, résisté victorieusement à L’ennemi ; il n’y a donc pas lieu de désespérer... Plus d’adversaires de droite ou de gauche ; l’adversaire est sur le Rhin. Tout ce qui est allemand doit rester allemand, tout ce qui était allemand, toutes les régions de langue allemande doivent redevenir allemandes. Nous sommes aujourd’hui les esclaves de l’étranger : libérons-nous. » Les autres discours sont à l’avenant et soulèvent, cela va sans dire, d’enthousiastes acclamations.

En juillet 1921, alors que certains milieux réclament à grands cris l’annexion du Tyrol à la Bavière et préconisent un raid à la manière de d’Annunzio à Fiume ou de Zeligowski à Wilna, Ludendorff fait le voyage d’Innspruck pour déconseiller l’entreprise, mais seulement parce que le moment n’est pas favorable et qu’il vaut mieux attendre le règlement de la question de Haute-Silésie.

Du 10 au 13 août 1921, il assiste à la réunion générale et secrète des organisations militaristes. Il accepte le titre et les fonctions de chef suprême qui lui sont offerts, non sans faire remarquer combien il est surveillé par les espions de l’Entente et du gouvernement de Berlin. Cela ne l’empêche ni d’accuser le chancelier de lâcheté, ni d’exhorter les chefs des organisations à conserver leurs commandements effectifs jusqu’à nouvel ordre, c’est-à-dire jusqu’au moment où, sortant de l’ombre, il jugera l’heure venue de faire sentir publiquement son action.

En septembre, il retourne à Innspruck où il prend part à une nouvelle réunion des principaux conspirateurs monarchistes de Bavière et des régions limitrophes. Il y parle dos sociétés régimentaires de l’Allemagne du Nord qui se sont substituées à l’Orgesch officiellement disparue ; il assure que, sous sa direction supérieure, le « Casque d’acier » et « l’Ordre des jeunes Allemands » donnent l’impulsion à l’ensemble ; il prêche l’abstention dans les luttes politiques intérieures, mais indique le but à poursuivre, à savoir l’épanouissement grandissant d’un immense mouvement nationaliste qui finira par imposer à la France la révision du traité de Versailles.

Après une longue tournée en Allemagne du Nord auprès des sociétés dont il est devenu grand maitre, il revient à Munich