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aujourd’hui sortis du camp des violents. Leurs nombreuses proclamations de la fin d’août, en vue de refréner l’ardeur de leur partisans, trop pressés à leur gré, en sont des confirmations.

Ludendorff qui, au printemps 1922, penchait plutôt pour une action rapide, semble aujourd’hui vouloir temporiser, mais, comme le disait le conseiller de commerce Zenz, ce n’est que partie remise. Sait-on même si, dans la période difficile que traverse actuellement le Reich, le chef ne sera pas entraîné par ses propres troupes ? L’avenir nous le dira.

Quoi qu’il en soit, aucune illusion n’est possible ; extrémistes et modérés marchent vers le même but ; leur vitesse seule diffère. Et ce but, bien loin de comporter, comme certains le croient, la séparation de la Bavière d’avec le Reich, tend, au contraire, à une unification plus complète que jamais de l’ancien Empire tout entier, peut-être même agrandi, sous l’égide d’une monarchie nationale et forte, capable de dominer tous les partis et, au besoin, de les réduire à l’impuissance.

Une fois la situation intérieure ainsi réglée, on avisera, que les Alliés le veuillent ou non, à donner à la situation extérieure une solution bien allemande. Ce sera la deuxième phase, depuis l’armistice, de l’activité de Ludendorff ; il indiquera les moyens, car il est de taille non seulement à les faire naître, mais encore à les diriger.

Spectateurs au plus haut point intéressés, nous n’apporterons jamais trop d’attention à suivre le déroulement du drame et si, quelque jour prochain, la République allemande, qui déjà n’est certes pas inoffensive, venait à succomber sous les coups du redoutable adversaire qu’est pour elle l’ancien premier quartier-maître général, disons-nous bien qu’après un entr’acte de plus ou moins longue durée, la pièce continuerait avec des acteurs supplémentaires que la France, quoi qu’elle fasse, ne pourrait éviter de fournir.