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REVUE LITTÉRAIRE
LITTÉRATURE FRANÇAISE DE BELGIQUE[1]

Deux livres ont paru, l’un avant la fin de la guerre, l’Anthologie des écrivains belges, de M. Dumont-Wilden, l’autre après la victoire, cette année même, l’Histoire des lettres françaises de Belgique, de M. Maurice Gauchez, deux livres dont la signification mérite d’être notée. La Belgique venait de prouver, d’une terrible et superbe manière, sa vive qualité de nation, qualité que l’Allemagne avait feint de lui méconnaître ; et, puisque la littérature est aussi, pour son grand honneur, un signe de nationalité, le noble pays a montré l’œuvre de ses écrivains.

Dès avant la guerre, l’Allemagne, selon sa coutume, traitait la littérature belge comme, au début de la guerre, elle a voulu traiter la Belgique : elle chapardait ou annexait aux lettres boches les écrivains qui lui semblaient de prise avantageuse. En 1910, l’Allemand Stephan Zweig, auteur d’une monographie d’Emile Verhaeren, écrit : « Cette terre germanique, où Maeterlinck trouva sa vraie patrie, est devenue aussi pour Verhaeren une patrie d’adoption. » Voilà en une seule phrase, deux contre-vérités fort insolentes.

Vers la même époque, la France affirmait la réalité d’une littérature belge. M. Raymond Poincaré la célébrait dans une conférence qu’il fit à Anvers en 1908. Un critique français, M. Albert Heumann, consacrait, en 1913, au Mouvement littéraire belge d’expression française

  1. Histoire des lettres françaises de Belgique des origines à nos jours, par M. Maurice Gauchez (Édition de la Renaissance d’Occident — Cf. Anthologie des écrivains belges, par L. Dumont-Wilden (Librairie Crés, 1918) ; et le Mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1890, par M. Albert Heumann, préface de M. Camille Jullian Mercure de France, 1913).