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Au XVIe siècle, la double montée s’affirme. Tandis qu’ils « fondent » toujours, pour leurs défunts, des messes, et qu’ils plaident, signes de fortune, ils parviennent aux honneurs municipaux, signe d’une certaine capacité reconnue. Même, en ces honneurs ils s’enracinent. Après qu’Etienne Ier Bossuet-Rouyer a été, en 1513, maire de Seurre, Etienne II, son fils, le trisaïeul de Bossuet, échevin une première fois en 1533, maire de 1537 à 1541, échevin derechef en 1542, encore maire en 1543, redevient échevin en 1545 ! L’une des maisons des Bossuet-Rouyer présente quatre pignons sur la place de l’Estaple, c’est-à-dire sur le Marché de la ville. Etienne Ier a hérité de la bourgeoisie de son père : il est « honorable homme. » Ils ont pris un blason, des armes parlantes : sur champ d’azur une roue d’or.

Les collatéraux, du même pas, se hissent, de ci de là aux fonctions libérales. En 1523-1524, on y rencontre un notaire ; vers 1530, un médecin, écrivain aussi et poète. Ce François Bossuet publie non seulement un livre latin Sur l’art de guérir, mais un traité caractéristique de ce temps de gourmandise scientifique où l’on aimait les « curiosités des choses naturelles : » un traité de natura aquatilium, en vers ; sans compter des Élégies, des Epigrammes, peut-être le premier chant d’un poème épique sur la Mort de Samson. C’est un contemporain complet de Ronsard comme d’Ambroise Paré et de Pierre Belon [1]. Vers 1543, où « noble maître Antoine Bossuet » est nommé « conseiller auditeur à la Chambre des Comptes, » une Françoise Bossuet épouse Edme de Chantepinot, docteur en droit, conseiller du Roi et son avocat aux bailliage et chancellerie de Dijon : premier pas en la grande ville. Vers 1513, un Jehan Bossuet, docteur en droit, s’y fait inscrire avocat au Parlement, tandis qu’à Seurre « messire Claude Bossuet, » prêtre, se contente d’être « prêtre familier en l’église, » ayant apparemment de quoi vivre sans briguer une cure.

Et alors, ce qui devait arriver arrive : le berceau est trop petit. En 1573 ils vendent, à un bourgeois du pays, les deux étangs, les prés aussi, « sans aucunes choses réserver ni retenir, » c’est-à-dire sans esprit de retour. Et la liquidation s’achève dix ans après : en 1583, Jacques et André, fils d’Antoine, vendent la

  1. Voir, avec l’abbé Thomas (p. 48), Ch. Muteau et J. Garnier, Galerie bourguignonne, I, p. 120.