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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 12.djvu/497

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et je serai très heureux de me trouver en situation de témoigner la sympathie de la France pour ce pays. Le chef de la mission militaire bolivienne est le général Pastor Baldivieso, ministre de la Guerre, qui a gardé un souvenir ému d’un stage fait comme lieutenant au 1er régiment de chasseurs d’Afrique, en garnison à Blida. „

Les officiers qui m’accompagnent et l’état-major du Jules Michelet, enfin les officiers de la mission militaire française à Lima sont les meilleurs agents de liaison avec les officiers qui font partie des ambassades étrangères, avec les officiers de l’armée et de la marine péruvienne, enfin avec la société de la capitale, dont l’accueil est d’une courtoisie charmante.

Les dames de Lima offrent aux ambassadeurs étrangers un thé dansant ; une table est préparée pour chaque mission, qui sera servie par des jeunes filles portant un costume de circonstance ; le représentant de l’Espagne a autour de lui des châles anciens et de grands peignes d’écaille ; une dizaine de nœuds alsaciens m’entourent. C’est une première vue sur le monde péruvien, que nous complétons dans les bals offerts par le Club de l’Union et le Club National, par le Président de la République ; puis dans les trois représentations de gala données par une troupe d’opéra italienne. L’orchestre et la troupe sont bons, la prima donna excellente, mais ici la Traviata et Manon manquent un peu de couleur locale. On annonçait un troisième gala avec la Sonnabula, opéra de Bellini, dont les grâces un peu minces devaient avoir un peu passé depuis 1831 ; j’ai demandé à cette occasion si la tradition avait recueilli, sous quelque forme, des airs populaires ou rituels de l’ancienne civilisation indienne ou des danses de même origine : « Mais oui, me répondit-on, la musique incaïque existe. Notre maître a rassemblé beaucoup de thèmes intéressants dans son opéra Ollentaï. Quant aux danses locales, elle se bornent à la marinera, qui est plus espagnole que péruvienne, mais vous ne pourrez la voir que difficilement, car elle est très risquée. Le tango a bien passé des bouges de l’Argentine dans les salons de Paris et revient sans doute à Buenos-Ayres un peu épuré. La marinera suivra peut-être le même cycle : attendons patiemment. Mais Ollentaï doit être bien curieux. »

Je n’avais attaché aucune importance à cette conversation quand le lendemain mon interlocuteur la reprit : « Le Président