Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 12.djvu/631

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’arrêté du préfet, et la destitution de ce magistrat, qui reçut l’ordre de se rendre à Paris sur le champ, pour rendre compte de sa conduite.

Lorsque j’arrivai en hâte de Charmes, le calme était à peu près rétabli, et les troupes, appelées de l’extérieur, à la veille de rentrer dans leurs cantonnements.

J’ai su, bien des années après, qu’un militaire distingué, avec lequel je fus en fréquentes relations avant et après cet événement, ne fut pas étranger à cette échauffourée napoléonienne. C’était le commandant Parquin, chef d’escadron de gendarmerie à Strasbourg, le compagnon du prince Louis-Napoléon lors de ses tentatives insurrectionnelles à Strasbourg, en 1837, et à Boulogne en 1840. Il est mort dernièrement à Ham, prisonnier d’Etat.

Novembre. — L’insurrection de Lyon fut bien près de nous entraîner dans le mouvement des troupes qui fut ordonné à cette époque pour reprendre cette ville, d’où l’émeute venait de chasser les autorités. Le ministre de la Guerre, maréchal Soult, avant de partir pour Lyon avec le prince royal, avait donné des ordres pour que des troupes appelées de tous les points de la France se rendissent à marches forcées sous les murs de Lyon. Le régiment devait en faire partie, mais par une cause qu’on n’a pu expliquer, la dépêche télégraphique. ne parvint pas. Elle s’était probablement évaporée dans les airs ! On n’eut connaissance de cet ordre que par l’arrivée d’une estafette expédiée de Lyon qui ordonnait au colonel de rentrer à Strasbourg, la coopération de son. régiment n’étant plus nécessaire : la ville de Lyon avait été évacuée par les insurgés et le Gouvernement du Roi rétabli dans toute sa plénitude. L’estafette ne rencontrant pas le 15e léger en route, poussa jusqu’à Strasbourg et trouva chaudement couché dans son lit, le colonel qu’elle aurait dû rejoindre pataugeant dans les boues de la Franche-Comté. Le colonel fut fort surpris de recevoir un contre-ordre, pour un ordre qu’il n’avait pas exécuté. Cette erreur ou négligence des bureaux de la guerre nous sauva d’un départ précipité, de seize journées de marches forcées par la boue, la pluie et la neige, et de grandes fatigues en pure perte.