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harmonie, harmonie,
Qui nous vins d’Italie et qui lui vint des deux.


On n’affirmerait pas que l’harmonie, ou les harmonies, et les mélodies même de M. Puccini lui viennent de si haut. Mais il est permis de trouver qu’elles nous viennent, à nous, un peu trop souvent. Après la Vie de Bohême, la Tosca, Mme Butterfly, enfin Gianni Schicchi, sur le même théâtre, c’est beaucoup, à moins, — comme d’aucuns l’assurent, — que ce ne soit pas grand chose.

La nouvelle pièce du maestro commence à la manière d’Orphée, pour continuer dans le goût du Légataire universel. Autour d’une couche funèbre, une nombreuse assemblée gémit et pleure. Mais d’abord ce n’est pas une épouse qu’on regrette, c’est un mari, père, beau-frère, oncle, grand-oncle et cousin, Buoso Donati, bon bourgeois de Florence. Et puis le deuil est hypocrite et feinte la douleur, la parenté réunie ne songeant qu’à se partager l’héritage. On cherche le testament, on le trouve, mais, hélas ! on y trouve ceci, que le défunt a laissé tous ses biens à des moines. Alors se déchaînent les plus anticléricales fureurs. Comment parer le coup fatal ? Un ami du de cujus, un rusé compère, Gianni Schicchi, s’en chargera.

Le décès étant ignoré du voisinage, Schicchi prend la place encore chaude du trépassé ; non seulement sa place, mais sa voix, dont il dicte au notaire appelé en hâte un testament nouveau. Vous l’avez deviné, c’est à lui-même, à Gianni Schicchi, son ami préféré, que le faux Donati lègue cette fois le plus clair de son bien, la maison mortuaire avec tout ce qu’elle renferme. Le notaire à peine dehors, le testateur saute à bas du lit, et nos gens, plus furieux encore que tout à l’heure, commençant à piller le logis, il les rosse, les dépouille et les chasse. Puis il donne la main de sa fille au neveu du défunt, qui l’aimait, et dans un couplet final, à l’ancienne mode, il demande au public de l’excuser et de l’applaudir.

La farce est plaisante. Un peu, très peu de musique s’y mêle Un Rossini jadis et, surtout, plus près de nous, un Verdi, celui de Falstaff, en eût fait un chef-d’œuvre. C’est du moins avec vivacité, non sans esprit çà et là toujours avec l’intelligence ou l’instinct de l’action et de la mise en scène, que M. Puccini, pour la première fois, croyons-nous, a bouffonné. Il est, — Giaimi Schicchi permet de le croire, — il est du sang des maitres du rire musical, mais il en est le reste.

La chose commence bien. La déploration familiale et funèbre est