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heureux effets. M. Lloyd George parlait volontiers du fair play, mais il ne le pratiquait guère, du moins à notre égard. Un esprit nouveau de confiance réciproque s’affirme entre les deux Gouvernements. La nomination, à l’ambassade de Paris, pour remplacer le regretté lord Hardinge qui quitte la vie politique, du marquis de Crewe, leader de l’opposition libérale à la Chambre des lords, gendre de lord Rosebery, qui a rempli de très hautes charges dans les Gouvernements libéraux, ne peut que contribuer à accentuer cette impression de sécurité et de franchise confiante que les récentes négociations ont laissée des deux côtés. Il y a vraiment quelque chose de changé dans les relations franco-britanniques ; or, la paix du monde et la stabilité de l’Europe dépendent de la solidarité évidente et durable entre les deux grandes Puissances occidentales.

En Pologne aussi, des élections générales viennent de renouveler entièrement, le 5 novembre, la Chambre, et le 12, le Sénat. Les électeurs, en très grand nombre, ont voté sans incident. Le nombre des petits partis, d’origine locale, s’est beaucoup réduit : de grands blocs tendent à se constituer, sans que les frontières de chacun des groupes, ni leur programme, soient encore très nettement délimités. D’une façon générale, l’esprit conservateur l’emporte ; les communistes ont essuyé un échec complet et n’obtiennent que deux sièges ; les socialistes élus (41 députés et 7 sénateurs du parti socialiste, 18 députés et 2 sénateurs du parti national ouvrier) sont pour la plupart des socialistes nationaux sans attaches internationalistes. Sur 444 députés, l’union nationale chrétienne, qui réunit tous les anciens groupes de droite, a 169 députés élus et 52 sénateurs sur 111. Si ce groupe reste cohérent, il suffirait que le groupe « Piast » (populistes de droite) qui compte 70 députés et 14 sénateurs s’unit à lui pour constituer une solide majorité de gouvernement. Ce groupe, que dirige M. Witos, sera l’axe du parti gouvernemental en formation ; il va jouer, dans le Parlement polonais, selon qu’il donnera son appui au bloc de droite ou aux partis de gauche, un rôle de balancier ; s’il refuse de s’entendre avec l’union nationale chrétienne, il lui faudra s’appuyer sur le bloc des minorités nationales, c’est-à-dire sur les éléments non-polonais. Une autre fraction populiste plus avancée, dite « groupe de l’émancipation, » a 49 élus à la Diète et 9 au Sénat. La Diète renferme donc les éléments nécessaires à la constitution d’une majorité solide sans l’appoint du groupe nombreux (83 députés, 21 sénateurs) des minorités nationales qui ont formé, pour les élections, un cartel où il entre des Allemands,