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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 12.djvu/852

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doivent être conçues de telle façon qu’il en ressorte l’évidence. Il s’y emploie avec une ardeur et une probité scientifique qui apparaît dans chacune des pages du célèbre mémoire sur les générations dites spontanées et sur les corpuscules organisés de l’atmosphère. Il montre que, chaque fois que l’on a cru être en présence d’une génération spontanée, on a été victime d’une erreur. Comment soutenir que la matière peut s’organiser spontanément, quand du sang recueilli de l’artère d’un chien dans un vase stérile, en présence d’air privé de germes par son passage dans un tube chauffé au rouge, reste inaltéré pendant des années ? Comment nier la présence de germes ferments microscopiques dans les poussières flottant dans l’air, quand on voit sous le microscope ces germes se développer et produire, suivant leur nature, des mucédinées ou des bactéries ? Comment se refuser à reconnaître que ces germes sont la cause des fermentations, alors que celles-ci ne se déclarent jamais en leur absence et éclatent aussitôt qu’on les ajoute à la substance fermentescible, chaque fermentation étant déterminée par un organisme spécial ? Comment soutenir avec M. Frémy que la levure alcoolique provient de la substance « hémiorganisée » des grains de raisin ? lorsque Pasteur apporte à l’Académie des sciences des ampoules de verre remplies de pulpe de raisin, puisées à l’intérieur du grain, en évitant les germes déposés sur la peau, ces ampoules restent inaltérées ; tandis que dans celles, préparées de la même façon, mais auxquelles Pasteur a ajouté une trace de levure, la fermentation se déclare et les fait éclater ?

A chacune des objections de ses adversaires, Pasteur répond par une expérience péremptoire, et rien n’est plus émouvant que la lecture des discussions avec Pouchet, Joly et Musset, ou encore avec Trécul, Frémy et Liebig. La bataille qui est engagée est une bataille pour les principes et Pasteur ne laisse rien passer sans y répondre. Son indignation devant une expérience défectueuse est telle qu’il réclame des juges pour décider entre ses contradicteurs et lui. Il est toujours prêt à répéter ses expériences devant les commissions académiques, alors que ses adversaires se dérobent. Cette grande querelle sur les générations dites spontanées si féconde en progrès scientifiques ne se termina qu’en 1877 par la controverse avec le docteur Bastian. De l’urine acide, stérilisée par ébullition dans un ballon, se