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sur les planches, rangées avec soin, toutes les revues françaises, rien que les françaises...

Car il y a, à Saint-Jacques, une Université. Après celles de Salamanque, Valladolid, Oviedo, et les universités des grandes villes comme Madrid, Barcelone, Valence, elle fut, elle demeure une des plus importante ? de l’Espagne. Et nous devons le savoir. En Galice, comme dans toute la Péninsule, n’est-ce pas dans les milieux intellectuels que nous avons le plus d’amis ?

Et des amis vraiment, qui n’ont point peur de se montrer. La guerre, la grande guerre a si profondément, là-bas, partagé l’opinion ! Son souvenir encore y demeure combatif, — « Francophile... » « Germanophile... » voilà le premier mot qu’on prononçait en me montrant un passant, en m’apprenant le nom de quelque personnage. — Et puis, comme en Castille, comme en Catalogne, comme partout, on déplorait :

— Ah !... Votre propagande !...

— Qu’a-t-elle fait par ici ?

— Rien... Elle n’a pas seulement daigné songer que la « Galice » existe.

— Et les Allemands ?... Ont-ils, eux aussi, dédaigné la Galice ?

— Ah ! mais non ! Combien d’espions ont-ils envoyés à Santiago... Combien en ai-je signalé !... fait expulser !... Ils ont même acheté un journal de la ville... Alors, nous l’avons fait tomber.

Et don Manuel Maria Gonzalez, le jeune conseiller municipal qui faillit bien l’an dernier être élu député aux Cortes et le sera sans doute prochainement, don Manuel Maria, me donne encore bien d’autres détails. Que d’ardeur mise à nous défendre et à nous aider de si loin !... Que de noble passion, que de fidélité !...

— Pourquoi, n’y étant encouragés pour rien, preniez-vous tant de peine ?

— Parce que notre cœur était avec vous.

— Allez, médit le très intelligent et très modeste employé à la bibliothèque universitaire, don Jésus Cimadevita, les autres ont eu beau faire... Mous n’en voulons pas. Pendant la guerre, ici, le peuple disait : alemanes, animales... Vous !... Si seulement vous aviez eu l’air de savoir que nous existions, la Galice entière se levait derrière vous.


Il ne faudrait évidemment pas prendre au pied de la lettre