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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 12.djvu/96

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me contentant de les accumuler, j’arriverais à quelque chose comme ceci :

« Nous sommes d’une indifférence révoltante à l’égard de l’Italie, et nous ne nous soucions pas plus d’elle que si elle n’existait pas ; nous l’ignorons, purement et simplement... Nous passons notre temps à contrecarrer la politique de l’Italie, qui nous trouve sur son chemin chaque fois qu’elle veut faire un pas ; voire nous avons organisé contre elle une manière de complot, dont les résultats se font sentir tous les jours... Nous proposons des échanges annuels de professeurs ; c’est pour favoriser notre propagande. Nous les suspendons : c’est pour empêcher la propagande italienne. La France ne fait pas assez de propagande en Italie, c’est pour cela que nous y sommes si mal jugés. La France fait trop de propagande en Italie, c’est pour cela qu’on réagit contre elle... Nous sommes impérialistes, tout hérissés de canons et de baïonnettes ; nous aspirons à l’hégémonie continentale, et nous sommes prêts à entreprendre des guerres de conquêtes. Nous sommes un peuple épuisé, dont la natalité diminue de jour en jour : bientôt, il n’y aura qu’à entrer chez nous sans coup férir. Nous sommes cléricaux. Nous sommes anti-cléricaux. Nous sommes de très fins politiques, capables de trouver les alliés les plus inattendus. Nous sommes, en matière de relations internationales, d’une gaucherie déplorable, et nous avons trouvé le secret de mettre le monde entier contre nous... »

Ainsi de suite. Ajoutons quelques jugements péremptoires : par exemple : M. Poincaré a pris une attitude hostile à l’Italie au moment de l’affaire du Manouba : il est classé ; quoi qu’il ait dit ou fait depuis lors, son cas est clair ; il compte au nombre des réprouvés ; il fait partie du complot. Souvenons-nous toujours que Lamartine avait appelé l’Italie la terre des morts ; et qu’Emile Zola n’avait pas lu les Promessi sposi...


UNE CONSULTATION

C’est un de ces diplomates étrangers qui ont fait de Rome leur séjour d’élection ; il n’y a guère que Rome où l’on puisse oublier ainsi sa propre patrie ; Rome ou Paris. Il a vécu longtemps à Paris ; vieillissant, il est venu s’établir à Rome. Sceptique, pour avoir vu de trop près, dans trop de pays divers, tous les manèges des hommes, il conserve cependant sa curiosité ; il prétend qu’il n’y a pas d’autre plaisir au monde que de