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depuis la constitution du cabinet Bonar Lavv, on est heureux de respirer.

L’Allemagne, par la note du M novembre que le Cabinet Cuno, succédant au Cabinet Wirth, a déclaré faire sienne, se reconnaît impuissante à payer, réclame un moratorium, sans offrir aucun gage et demande un emprunt international pour renflouer ses finances et stabiliser sa monnaie. A cette note, les Alliés doivent répondre. C’est l’objet des délibérations de Londres ; si elles aboutissent à une entente, le plan d’action des Alliés sera précisé à Bruxelles avec le concours des États de l’Europe centrale qui sont nos alliés. Le nouveau ministère anglais paraît enclin à ne pas s’en tenir à la stricte application de la note Balfour : « La dernière fois que M. Poincaré nous a rendu visite, écrit le Times du 30, il avait un plan qui, à ce que l’on croyait savoir, était fondé sur le traitement simultané des réparations et des dettes interalliées et qui proposait une réduction des obligations de l’Allemagne et un emprunt international. Ce plan, malheureusement, la note Balfour le torpilla avant qu’il eût été exposé et M. Poincaré le garda dans son portefeuille, au lieu de l’exposer et de laisser au Gouvernement britannique la responsabilité. Nous ne savons pas s’il apportera de nouveau un plan de ce genre, mais nous croyons que ce plan rencontrerait, chez les ministres actuels, un plus vif désir d’en accepter les vues que chez l’ancien Gouvernement britannique. »M. Poincaré a, en effet, emporté à Londres un bref programme dont, naturellement, la teneur n’est pas connue ; nous ne serions pas étonnés cependant qu’il s’inspirât des vues suivantes.

La France ne renoncerait à aucune partie de sa créance, mais elle se préoccuperait d’abord d’obtenir sa part des bons A et B, c’est-à-dire les 52 pour 100 de 50 milliards, soit 26 milliards de marks-or ; elle demanderait à ses alliés de lui reconnaître un droit de priorité pour le paiement des réparations des régions dévastées ; elle espère aussi que l’Angleterre, qui n’a pas de régions dévastées, renoncerait à son profit à une partie des 25 pour 100 qui lui reviennent d’après « l’état des paiements. » Quant aux dettes interalliées, la France ne renoncerait pas à s’en acquitter, mais elles ne deviendraient exigibles qu’au moment où l’Allemagne commencerait à payer les bons C qui seraient en partie affectés à rembourser l’Angleterre et les États-Unis. Un moratorium de deux ou trois ans serait accordé à l’Allemagne, mais, en même temps, entreraient en vigueur des mesures très strictes de contrôle finnneier interallié, et les Alliés s’assure-