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DISCOURS PRONONCÉS AU DÎNER
DE LA
REVUE DES DEUX MONDES

Le lundi 12 décembre, à l’Union Interalliée, la Revue offrait un dîner à ses collaborateurs. De nombreuses personnalités du monde des lettres et des arts, de la diplomatie et de l’armée, s’étaient jointes à la rédaction de la Revue. Le Président de la République s’était fait représenter. MM. Paul Bourget, G. Hanotaux, de l’Académie française, et Léon Bérard, ministre de l’Instruction publique, ont prononcé des discours dont nous sommes heureux de publier le texte.


M. PAUL BOURGET
de l’Académie française


Mon cher directeur et ami,

Permettez à l’un des plus anciens collaborateurs de la Revue de lever son verre en votre honneur, au nom des écrivains plus particulièrement voués à la pure littérature, que vous avez su ou conserver, ou recruter autour de vous.

C’est en 1873 que j’ai porté mon premier article, sous les auspices de l’excellent M. Saint-René Taillandier, aux bureaux de la rue Bonaparte, où logeait alors la Revue. François Buloz Avivait encore. Je revois, à cette minute, la haute taille, la carrure puissante, le masque autoritaire de ce rude meneur d’hommes, dont les moindres gestes dénonçaient l’énergie. Depuis plus de trente ans, il dirigeait cette Bévue, ne respirant, n’existant que pour elle, uniquement, passionnément.