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Comme un quartier de lune à travers la forêt,
Tour à tour Bérénice échappe et reparaît.
Mais en vain son amant s’efforce de l’atteindre :
Elle s’évanouit quand Titus va l’étreindre,
Et, pleurant de désir, l’attend un peu plus loin,
Et s’efface à nouveau quand Titus la rejoint.
Ainsi, le front courbé sous les lois de la terre,
Chacun de vous vécut et mourut solitaire.
Et le même destin qui vous a déchirés
Vous tient l’un près de l’autre, et pourtant séparés.
De la fourbe Vénus le suprême artifice
A fait de votre espoir un mutuel supplice.
Poursuivez-vous, appelez-vous, pauvres amants !
La nuit seule répond à vos embrassements.
Mais que le champ des pleurs vous ouvre ses allées !
Votre fuite s’achève, ombres inconsolées.
Parmi ceux que Vénus a privés de repos.
D’un impossible amour échangez les sanglots,
Et que le myrte obscur à jamais réunisse
Dans la même douleur Titus et Bérénice !


LOUIS PIZE.