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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 7.djvu/564

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hostiles aux doctrines et à l’action de l’ancien Comité. Tel était Moustapha Kemal Pacha, qui, après avoir commandé une armée aux Dardanelles, s’était trouvé en butte à certaines hostilités, et qu’une intrigue de palais, disent les uns, une instance formelle des Alliés, prétendent les autres, avait fait reléguer en Asie, peu de temps après l’armistice, avec le titre d’inspecteur général de la IIIe armée. Moustapha Kemal se trouvait à Erzeroum lorsque, au mois de mai 1919, les Grecs débarquèrent à Smyrne, sous la protection des Alliés, et occupèrent une partie du Vilayet. La nouvelle de l’occupation de Smyrne suscita parmi les musulmans d’Asie une effervescence considérable. Moustapha Kemal en profita pour convoquer en un congrès les chefs civils et religieux, ainsi que les notables des provinces orientales, et les inviter à délibérer sur la situation. Le Congrès d’Erzeroum fut le véritable point de départ du mouvement de la défense nationale.

Il se réunit le 10 juillet et siégea, avec des interruptions, pendant près de deux mois. C’est le Congrès d’Erzeroum qui donna à Moustapha Kemal pleins pouvoirs pour organiser la résistance du pays ; c’est son Comité qui lança la fameuse proclamation du 7 août et élabora le programme dont s’est constamment inspirée, par la suite, la politique nationaliste. La proclamation du 7 août faisait ressortir que toute occupation de territoires ottomans en Asie devait être considérée comme tendant à y établir une organisation grecque ou arménienne, et que la nécessité où pouvait se trouver le gouvernement central « d’abandonner ou de négliger quelques-uns de ces territoires sous la pression de certaines influences, » rendait légitime toute mesure prise en vue de garantir l’existence et les droits de la Nation, » sans que fût en rien diminuée la fidélité au trône impérial du Sultan-Calife. » Enfin, le Comité, qui prenait le nom de « Comité pour la défense des droits de l’Anatolie orientale, » déclarait reconnaître pour ses membres et affiliés « tous les compatriotes musulmans. »

Le programme d’Erzeroum est un document long et prolixe, dont les articles essentiels auraient pu tenir en quelques lignes. Le Congrès décide : de défendre l’indépendance et l’intégrité de l’Empire ; de résister aux exigences des minorités chrétiennes, particulièrement à celles de l’Arménie ; de repousser tout mandat étranger impliquant tutelle, mais, en