Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 7.djvu/725

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

écrites en toutes lettres dans le Traité de Versailles pour déclarer qu’on « se concertera » si elles sont violées ?

L’article 3 pourrait avoir une réelle valeur, puisqu’il vise le « cas où des mesures militaires, navales ou aériennes quelconques, incompatibles avec le Traité de Versailles, seraient prises par l’Allemagne, » s’il n’aboutissait, lui aussi, à un insuffisant « se concerteront » et si nous ne savions de reste, par l’aide-mémoire, que l’Angleterre entend bien, en aucun cas, ne s’engager à autre chose qu’à défendre « le sol français, » s’il est attaqué directement. Que reste-t-il alors de la valeur de l’article ?

L’article 4 précise que « le présent traité n’imposera aucune obligation à l’un quelconque des Dominions de l’Empire britannique, à moins et jusqu’à ce qu’il ait été approuvé par le Dominion intéressé. » Ceci est grave. Les Dominions ont été parties contractantes au Traité de Versailles ; leur signature y figure et les stipulations du Traité, dûment délibérées par leurs plénipotentiaires, les engagent aux mêmes obligations que tous les autres signataires. L’article 4 du « pacte de sécurité » nous retirerait donc une garantie que le traité nous assure. A y regarder de près, on se demande si, pour le cabinet britannique, cet article 4 n’est pas le plus important. Ne savons-nous pas que la garantie à accorder à la France a été discutée, l’été dernier, à la Conférence impériale ? Il est à supposer que les Dominions ont demandé à être dégagés des obligations contractées par eux aux termes du Traité de Versailles.

L’article 3 et dernier dit que le Traité sera en vigueur pendant dix ans et sera renouvelable d’un commun accord. Le délai est court. Il n’est guère probable que l’Allemagne se trouve en mesure de faire une guerre sérieuse avant une dizaine d’années. Si, ce terme écoulé, le traité n’est pas renouvelé, quelle sera la situation ? Aurons-nous de nouveau le droit de nous prévaloir des articles du Traité de Versailles ? Il faudrait préciser si le pacte qui nous est offert est destiné à remplacer certains articles du Traité de Versailles, considérés com.me abrogés de fait. Si oui, c’est porter la plus grave atteinte à un instrument diplomatique qui est, à l’égard de l’Allemagne et pour la solidarité des Alliés entre eux, la seule base de droit. C’est encourager les résistances de l’Allemagne, qui aurait, depuis longtemps, apporté plus de bonne volonté à l’exécution du traité, si la politique britannique ne semblait pas s’appliquer à lui en faire entrevoir la révision. Sinon, à quoi bon un texte nouveau ? On oublie trop que l’article 40 du Pacte de la Société des Nations, qui