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la diffusion de la foi romaine, lorsque leur épiscopat et leur « Société pour l’extension de l’Église « élaborent le programme d’une « Section des missions étrangères, » section nettement américaine, à laquelle Rome confierait les intérêts du Christ dans une partie de l’univers [1], ils savent que pour meubler ces cadres tout neufs, qui deviendront prochainement, il est bon qu’on le sache, des émules de nos vieux groupements missionnaires, — Séminaire de Maryknoll, Fils de Saint Paul de la Croix, Sœurs de la divine Providence, — ils auront à leur disposition les prolifiques familles de l’apostolique Irlande.

L’universelle effusion du sang humain, mystère éternel sur lequel Joseph de Maistre aurait une fois de plus médité, fut suivie et comme sanctionnée par la résurrection de deux peuples catholiques, dont la voix, longtemps réputée séditieuse, trouvera désormais accueil dans le concert des nations ; et leur voix y résonnera d’autant plus vivante que du fond de leur tombe ils avaient continué de parler, au moins à Dieu. L’Eglise, au moment où meurt Benoît XV, possède parmi les nations deux nouveaux témoins de sa foi, deux nouveaux organes de sa vie ; il n’est peut-être pas d’exemple d’un Pape qui ait eu la bonne fortune de léguer à son successeur un aussi riche présent.

Nous élevant d’un degré sur les cimes spirituelles, nous la verrons, dans un second article, planer au-dessus de la guerre universelle pour regarder d’autres divisions, celles qui séparent les Églises, échanger avec ces Églises d’ardents et charitables vœux d’union, et dans ces années mêmes qui déchiraient le monde, poursuivre activement au delà des Marches de Pologne, et de la Manche, et de l’Océan, la réalisation de l’ordre divin : « Que tous soient un. »


GEORGES GOYAU.

  1. Nouvelles religieuses, 1er et 15 octobre 1919, p. 589, 590 et 626-628 : 15 mars 1921, p. 143.