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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/113

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des congrès scientifiques catholiques, La science pour la science ! telle était cette devise. — La science pour la science et pour la vie, corrigeait-il, reprenant ainsi les plus saines traditions du grand humanisme chrétien, qui demandait à la culture, non point seulement une jouissance, mais une orientation, et non point seulement un attrait, mais une discipline.

C’était par surcroit une science libre et franche que la science de Mgr Ratti, une science virilement résolue à ne point cacher les taches qui purent ternir certaines figures d’Église : dans une note qu’il lisait en 1897 au Congrès scientifique des catholiques à Fribourg, — note consacrée à quelques lettres du célèbre cardinal Mathieu Schinner retrouvées à l’Ambrosienne, — il ne craignait pas de dire que « ces documents ne déposent pas en faveur de l’anépotisme de Jules II, » et qu’un certain Jean Schinner, légataire du cardinal, était, hélas ! un péché de jeunesse du futur prince de l’Église.

Il faut une loupe pour le travail de bibliothèque ; mais malheur à ceux pour qui le monde entier se ramasse dans leur loupe ! L’esprit de pointilleuse recherche leur voile les grands horizons de l’histoire ; pareils à ces naturalistes auxquels le ciron cache l’infini, au lieu de le leur révéler, la minutie même de leur regard les rend incapables de voir grand. Ce qui faisait au contraire l’attrait des opuscules érudits de Mgr Ratti, c’est que volontiers ils débutaient ou s’achevaient par un ample coup d’œil sur la philosophie de l’histoire : on le croyait encore courbé sur les pages d’un manuscrit, et déjà son élan d’alpiniste l’exaltait sur les cimes. Au début d’une très minutieuse étude sur la piété eucharistique dans le Milan d’autrefois, surgissait cette imposante définition :


L’histoire, c’est le tissu vivant des faits, tissu dans lequel les pensées et les actions des hommes et de Dieu s’unissent, s’enchevêtrent, semblent parfois se confondre, se traverser, s’empêcher tour à tour, toujours avec cet effet final, de composer cet admirable plan providentiel, où domine en toute souveraineté et se manifeste en toute évidence l’amour de Dieu pour les hommes.


Ailleurs, après s’être usé les yeux scrupuleusement sur les antiques documents de l’abbaye de Chiaravalle, Mgr Ratti, en quelques mots de conclusion précis et nuancés, formulait l’exacte importance du détail en histoire.