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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/212

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nôtres, quatre facultés : lettres, sciences, droit et médecine. Les écoles de théologie sont rattachées au Cheik-Ul-Islamat. Un décret du 11 octobre 1919 a conféré à l’Université de Stamboul l’autonomie scientifique : le ministre de l’Instruction publique est recteur honoraire, le recteur effectif est élu pour deux ans par les professeurs des quatre Facultés ; actuellement, cette charge est remplie par Bessim Orner Pacha, professeur de gynécologie, qui a bien voulu me faire lui-même les honneurs de l’établissement qu’il administre. Je ne puis entrer ici dans le détail des programmes, qui présentent de nombreuses analogies avec les nôtres. Je donnerai seulement le chiffre des auditeurs pour l’année universitaire 1920-1921 :

Faculté des Lettres, 151 hommes, 38 femmes, total 189 ;

Faculté des Sciences, 62 hommes, 61 femmes, total 123 ;

Faculté de Droit, 316 hommes, 8 femmes, total 324 ;

Faculté de Médecine, 654 hommes, 0 femme, total 654 ;

Total général, 1290.

La Faculté de médecine, installée hors de la ville, à Haïdar Pacha, sur la côte d’Asie, réunit les étudiants civils et les élèves internes de l’Ecole militaire. Sur les 368 civils qui suivent les cours de cette faculté, on compte 8 Grecs, 17 Arméniens et 12 Israélites. Comme on le voit, les cours de médecine sont les seuls qui ne soient pas fréquentés par des femmes. Depuis deux ans des démarches étaient faites en vue d’obtenir l’admission des jeunes musulmanes à la Faculté de médecine. Elles se heurtaient à une seule opposition, celle du doyen, qui a fini par se laisser vaincre, sinon convaincre : le 16 septembre 1921, le sénat de l’Université s’est prononcé en faveur de l’admission des femmes. « Je ne suis pas encore persuadé, — m’a déclaré le doyen, professeur Hakil Muktar Bey, — de l’opportunité de cette mesure, bien que j’aie moi-même épousé une femme médecin. Dans nos plus lointaines campagnes, les femmes musulmanes n’hésitent plus à se laisser visiter, soigner, accoucher par des hommes. Notre Coran ne leur dit-il pas : « Le médecin qui t’assiste n’est pas un homme, et sa vue n’a rien qui puisse blesser ta pudeur ? » N’allons pas trop vite. À quoi bon faire des déclassées ? Libre à celles de nos jeunes filles qui se sentent invinciblement attirées vers la médecine, d’aller étudier à l’étranger ; les autres trouveront chez nous tant d’autres emplois pour leur activité ! Je n’approuve pas que, pour un résultat très