Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/479

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les événements de ces derniers temps, la libération de l’Irlande et de l’Egypte, ont excité de vifs mécontentements parmi les conservateurs, tandis que le chômage, la crise industrielle, la cherté de la vie, attiraient des recrues au Labour Parly. Sur soixante-quatre élections partielles qui ont eu lieu depuis la dernière consultation de 1918, la coalition a perdu dix-huit sièges dont onze ont été gagnés par le Labour Party. Tout récemment, trois élections, dont une à Manchester, citadelle du conservatisme, ont remplacé trois conservateurs de la coalition par deux travaillistes et un libéral asquithien avec de formidables déplacements de voix. Un courant, dont la puissance est difficile à mesurer, se dessine et inquiète les conservateurs, leur influence a obligé M. Lloyd George à renoncer provisoirement à des élections immédiates.

La crise, qui était latente depuis quelques semaines, a éclaté à propos des attaques réitérées que sir George Younger, grand électeur du parti conservateur, l’un des chefs de la fraction qui réclame le « divorce « entre les deux partis coalisés, dirigeait contre le Premier et sa politique. M. Lloyd George, par une lettre adressée à M. Austen Chamberlain, a mis les chefs unionistes, qui l’ont jusqu’ici soutenu, en demeure de rétablir la discipline parmi leurs troupes et de ne plus permettre que les attaques de sir G. Younger entravassent son action. Ainsi commencée le 1er mars, la crise a pris aussitôt une ampleur imprévue qui a révélé les fissures de la coalition. M. Lloyd George a fait connaître à ses collègues conservateurs qu’il désirait une réponse pour le 8 mars. Si, à cette date, il n’a pas satisfaction, s’il n’est pas parvenu à ressouder solidement son bloc pour aller aux élections, il laisse croire qu’il donnerait sa démission. Le Roi serait sans doute obligé de constituer un ministère conservateur avec M. Chamberlain ou M. Balfour ; mais un tel cabinet serait sans autorité, tant qu’il n’aurait pas demandé aux électeurs une nouvelle investiture. Les amis de M. Asquith et les travaillistes se flattent que, dans ce cas, c’est à eux que le pays donnerait la majorité. Les élections an County Council de Londres (qui correspond à notre conseil municipal) ont cependant, le 2 de ce mois, modéré leur enthousiasme ; elles ont été un succès d’autant plus important pour les conservateurs que les travaillistes s’étaient vantés d’emporter la citadelle ; les réformistes municipaux (conservateurs) reviennent quatre-vingt-deux au lieu de soixante-huit, les libéraux vingt-six au lieu de trente-huit, les travaillistes seize au lieu de dix-sept. C’est un symptôme intéressant ; d’ailleurs les élections de décembre 1918 avaient donné à la coalition de M. Lloyd George, et