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Page:Revue des Deux Mondes - 1922 - tome 8.djvu/534

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algériens. En vain, le commandant demanda à pousser jusqu’à Tombouctou pour s’y ravitailler ; en vain, il indiqua qu’il avait convoqué à Tessalit les chefs Hortas et qu’il ne pouvait manquer au rendez-vous et à la parole donnée ; le capitaine se retrancha derrière les instructions ; elles étaient formelles et péremptoires. Le commandant s’inclina ; il n’aimait que modérément les conflits, mais quand il prit le chemin de Tin-Zaouten, son escorte dut entendre des éclats de voix et des propos exempts de douceur et d’aménité.

Quatre ans plus tard, les conceptions du colonel Laperrine ayant fait lentement leur chemin, finirent par apparaître excellentes. Le colonel, escorté par un groupe que commandait le lieutenant Sigonney, un des plus dignes et des plus fervents parmi ceux qui se réclament de lui, se rendait à la fin d’avril 1908 en pays Ajjer pour y déterminer l’emplacement du bordj de Fort-Polignac. La reconnaissance se prolongea et, le 30 juin, elle parvenait à Tarahouhaout ; le colonel jugea que l’endroit était favorable pour l’établissement du point d’attache de la compagnie du Tidikelt en Ahaggar ; on y commença les travaux de construction d’un bordj auquel serait attribué le nom de Fort-Motylinski.

Or, pendant que le colonel séjournait en Ahaggar, un courrier s’avança vers lui, dont l’abord dut faire briller dans ses yeux un éclair de malice et amener sur son visage un sourire de détente. Le chef de bataillon Mouret, commandant la région de Zinder, demandait une entrevue avec le lieutenant Sigonney pour s’entretenir avec lui des relations qu’il importait d’établir entre le nouveau poste de l’Ahaggar et le cercle soudanais d’Agadès. Avec quelle joie le colonel Laperrine autorisa cette rencontre, il n’est pas besoin de le dire ; il allait s’y former le premier maillon de la chaîne qui, d’après lui, devait unir un jour dans une féconde solidarité l’Afrique occidentale française, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, pour le plus grand profit de la France saharienne et de la France européenne.

L’autorisation accordée, le colonel reprit le chemin d’In-Salah. Le lieutenant Sigonney et ses trente-sept méharistes joignirent le 4 septembre à Tar-Hert le groupe du commandant Mouret et des officiers qui l’accompagnaient. On s’entendit à demi-mot ; on fit mieux. « Le commandant de la région de Zinder invita le détachement Sigonney à pousser jusqu’à Agadès,