des chantiers où les populations rémunérées auraient accompli d’utiles travaux publics, un peu à la manière des ateliers nationaux de 1848.
Au cours de cette étude de notre politique indigène, on ne saurait négliger, même sous forme d’aperçu, la question du personnel que la Métropole emploie pour administrer la colonie.
Un ancien gouverneur rendait hommage à la haute valeur de ce personnel, d’un patriotisme, d’un dévouement et d’une compétence éprouvés ; mais il montrait aussi les qualités professionnelles indispensables que l’on en devait attendre [1]. Il est essentiel de posséder dans l’Afrique du Nord des fonctionnaires qualifiés ; pour cela, il faut renoncer aux errements suivis. Ne venons-nous pas de voir désigner comme conseiller du Gouvernement à Alger, un sous-préfet arrivant de Bretagne ? Il prendra la place d’un conseiller vieilli dans les affaires indigènes et qui, précisément, avait la plus précieuse des expériences. Un autre, sous-préfet en Savoie, était choisi pour l’une des plus importantes sous-préfectures du département de Constantine ; et un autre, venant encore de Bretagne, était investi des délicates fonctions de secrétaire général, chargé des affaires indigènes de l’une de nos trois préfectures algériennes. Enfin, on a été sur le point de changer le préfet d’Alger, fonctionnaire de mérite connaissant de longue date le pays, en le remplaçant par un de ses collègues de France qui, naturellement, n’a jamais entrevu l’Algérie, et cela au moment où de graves questions sont à l’ordre du jour et où venait d’arriver le nouveau gouverneur. Combien il y aurait à dire sur ce même sujet quand on se rappelle que dans le département d’Oran, ce fut la présence, jadis, pendant quinze ans consécutifs, d’un préfet, M. de Malherbe, qui permit les plus utiles réformes !
L’expérience montre les inconvénients de ces fréquentes nominations de fonctionnaires venant en Algérie sans préparation. Aussi le Sénat a-t-il voté, sur l’initiative de M. Cuttoli, une proposition de loi tendant à exiger, pour les postes algériens, dix années de services dans l’administration de la colonie,
- ↑ Jules Cambon, loc. cit.