troupes anglaises dans Constantinople (16 mars 1920). De ce jour, il fut visible aux yeux de l’univers musulman que le Sultan calife n’était plus indépendant et le mouvement dirigé par Mustapha Kémal se renforça des sympathies de l’Islam asiatique. Kémal et son armée, qui attaquaient les Français en Cilicie, n’inquiétaient pas beaucoup les Anglais sur le Bosphore ; ceux-ci croyaient que, le jour venu, l’armée grecque saurait venir à bout des Turcs « insurgés » et ils préparaient, avec le Gouvernement d’Athènes, une mainmise politique sur Constantinople, tandis que l’Église anglicane, de concert avec l’Église orthodoxe grecque, complotait la conquête religieuse de Constantinople à la faveur d’un concile « œcuménique » qui se réunirait en 1921 sous la présidence de Mgr Meletios Metaxakis, métropolite d’Athènes et destiné au siège patriarcal de Constantinople. Le singe de Tatoï interrompit ces projets. La mort du malheureux roi Alexandre, (novembre 1920), le retour de Constantin, la chute de M. Venizélos, excluaient toute participation de la France à la politique anglo-grecque. La diplomatie française, au contraire, surtout à partir de cette époque, chercha l’occasion d’un rapprochement à la fois avec le Sultan de Constantinople et avec le Gouvernement d’Angora.
Un plan de libération des nationalités, Arméniens, Kurdes, Nestoriens. Grecs, et de réorganisation d’une Turquie anatolienne avec l’assistance des grandes Puissances victorieuses, Angleterre, États-Unis, France, Italie, était possible et souhaitable dans les premiers mois qui ont suivi l’armistice. Mais l’établissement d’un ordre durable en Orient, l’apaisement des passions musulmanes soulevées par l’effondrement de la Russie des Tsars et la propagande de la Russie des Soviets, exigeait l’étroite coopération de la France, de la Grande-Bretagne et de l’Italie, à défaut des États-Unis. L’Angleterre préféra une autre voie et, pour avoir cherché à s’assurer des avantages particuliers, elle s’est mise elle-même dans la situation délicate d’aujourd’hui, et elle n’a laissé à la France d’autre issue que l’entente directe avec les Turcs d’Angora. Le Traité de Sèvres, quand il fut signé le 10 août 1920, n’aurait été exécutable, que par une contrainte militaire que l’Angleterre n’était pas disposée à exercer par ses propres moyens. Le dernier effort de la politique anglo-hellénique fut la campagne de 1921 où les Grecs, après de brillants succès, furent finalement ramenés sur les positions d’où ils étaient partis et où ils sont encore actuellement. Il était démontré que les Grecs étaient impuissants à imposer aux Turcs nationalistes une paix victorieuse, et que les Turcs, de leur côté, n’étaient pas assez forts pour jeter les Grecs à la mer. La guerre avait