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mes remerciements, j’aurais mauvaise grâce à ne pas être content ; seulement, je m’attendais à tout, excepté à me voir donner une leçon d’orthodoxie avec un texte de Renan. Si X. n’a voulu qu’écraser mon pauvre article avec les trente plus merveilleuses pages qu’ait écrites, peut-être, le maître, c’était un divertissement facile ; mais s’il juge vraiment que M. Renan est plus chrétien que moi, il ne reste plus qu’à envoyer M. Coquille se confesser chez Taxile Delord.’ Bref, je regrette Thureau-Dangin, pour qui j’ai une grande estime, et je vous prie de le remercier de ma part de l’intention.

Adieu, cher ami, vous avez douze jours pour me répondre et votre lettre me trouvera encore attardé dans le passé de 79 ; c’est un calendrier qui me convient à moi qui ai toujours eu les mélancoliques habitudes de la femme de Loth, avec moins de sel, hélas ! Je me retourne encore une fois, de tout cœur, vers ces chères Angles, qui n’ont rien de commun avec Sodome ; j’adresse tous mes vœux amicaux à votre père, et je vous serre la main bien cordialement.


Au même


Ambassade de France.

St-Pétersbourg, 16 mars 1880

Mon cher ami,

Vous vous trompez en supposant que vous n’aurez pas vos cinq minutes annuelles ; vous les aurez pas plus tard que le jeudi — absolu. Nous partons ce samedi 20, — de Paris le mercredi 24, — et jeudi au rapide vous pourrez contempler la caravane d’un infortuné qui ameutera les populations autour d’une nourrice en grand costume russe, kakochnik, etc. On croira que je viens donner des représentations sur la place Henri-IV. Vous comprenez d’avance que vous ne serez pas quitte de la scie de la visite au cap Martin où nous allons passer deux mois.

Adieu, à jeudi, avec beaucoup plus de plaisir que vous ne méritez d’en donner.


Au même


Bobrowo [1], 8 juillet 1880.

Mon cher ami,

C’est merveilleux ! votre gazette est arrivée, c’est tout dire et

  1. Bobrowo, situé dans le gouvernement de Kbarkoff, était la propriété de la générale Annenkoff, belle-mère de l’écrivain.